Si je lance un album de Nils Frahm pour me lancer dans l’écriture d’un article sur le film de Celine Song, Past Lives, c’est parce qu’il est comme la musique du compositeur allemand : simple, beau et minimaliste.
Sorti en 2023, le premier film de Celine Song est partiellement autobiographique et raconte une histoire d’amour et de destin émouvante. Past Lives suit Na Young (Greta Lee) et Hae Sung (Teo Yoo), deux amis d’enfance en Corée du Sud, séparés par l’émigration de Na Young, qui devient donc Nora, au Canada. Des années plus tard, leurs retrouvailles à New York ravivent des sentiments enfouis, explorant les thèmes du temps, des choix de vie et des liens indélébiles.
Si les histoires d’amour sont souvent lassantes et remplies de stéréotypes au cinéma comme en littérature, c’est notamment à cause de leur tendance à répéter les idées éprouvées des dizaines de fois. Les ennemis qui finissent par tomber amoureux, les « triangles » où l’un des protagonistes éprouve des sentiments pour les deux autres et doit faire un choix, la fausse relation où deux personnages doivent faire croire qu’ils sont ensemble alors qu’ils se détestent pour au final tomber amoureux l’un de l’autre à la fin ou encore l’histoire de l’ex qui ressurgit et vient faire une déclaration choc lors du mariage de son ancien amour… Bien que ces clichés ne soient pas mauvais en soi, ils ont été trop utilisés et nous font oublier la réalité souvent bien moins palpitante, mais pas moins touchante.

Past Lives fait partie de ces histoires d’amour qui me plaisent au cinéma. Ces histoires qui prennent le temps d’être racontées, où l’on s’attarde par exemple sur ces deux personnages qui marchent main dans la main sans dire un mot lors d’un long plan travelling, où les dialogues sont simples, mais ont un sens et nous parlent. C’est lors de ces moments que nous imaginons la réalisatrice nous demander simplement de profiter de l’instant avec elle. Et ces instants sont nombreux dans ce film coréen empreint de minimalisme et de simplicité. Un minimalisme qui se retrouve aussi dans les images et les différents plans choisis au ton pastel. Car Past Lives est tout simplement beau à regarder.
Il est aussi beau à écouter puisque Christopher Bear (batteur de Grizzly Bear) et Daniel Rossen (auteur du magnifique You Belong There) posent leurs mélodies mélancoliques sur quelques scènes du film. Car la musique n’empiète pas sur la narration, mais l’accompagne. On y entend principalement du violoncelle et du piano pour y découvrir petit à petit un peu plus de synthé et de guitare. Une jolie B.O. qui s’écoute à part du film, comme on les aime sur NMH.
L’histoire de Nora et d’Hae Sung est touchante et émouvante sans jamais être « forcée ». Elle n’a rien d’exceptionnel, mais la réalisatrice la raconte avec beaucoup d’authenticité, chose assez fréquente dans le cinéma asiatique où le rythme est souvent plus posé que dans les grandes productions américaines ou même européennes. Le seul petit bémol pour moi est le choix de l’acteur John Magaro qui joue Arthur, le compagnon américain de Nora. Il n’a en effet pas su me convaincre, car un peu trop fade à mon goût, mais c’était peut-être voulu, qui sait?
Vous voulez un film qui sort de l’ordinaire, mais le raconte? Vous voulez passer un joli moment où l’on reprend conscience des bienfaits de l’observation du temps qui passe et de la patience? Past Lives est peut-être le film qui vous permettra de vous reconnecter au moment présent. Sans grandiloquence et tout en simplicité, j’espère qu’il vous séduira tout autant qu’il m’a séduit.
– Guillaume