Une sélection de Tiph
( D O L C H ) – Nacht (2022)
Ambient/Post Black Metal
Les très discrets Allemands reviennent avec la seconde partie de cycle, entamée avec Feuer en 2019 et qui se terminera avec Tod (La Mort) entre 2023 ou 2024. Si Feuer avait amorcé un son différent, plus moderne de celui que l’on associe à ( D O L C H ), Nacht renoue un peu avec cette production un peu « vaporeuse » qui a fait le charme des premiers EP’s du groupe. Toujours cet homme et cette femme sans nom à la tête de ce projet ambitieux qui tend de plus en plus vers le terme collectif, des musiciens allant et venant au gré du vent, s’articulant autour de cerveaux ténébreux. Une réussite totale, comme son nom l’indique, c’est un album de nuit comme j’en ai besoin.
The Body & OOA – Enemy of Love (2022)
Noise / Experimental
Encore une collab’ pour le duo américain que l’on arrête plus. Cette fois, c’est le musicien électronique OOA (AJ Wilson de son patronyme) qui apporte sa touche dans l’univers sale de The Body. Toujours aussi viscéral, scabreux et malsain, les trois hommes ont créé avec Enemy of Love une œuvre hors des clous. Oscillant entre noise extrême, techno rave party hard as fuck et bande originale de snuff movie, on n’en sort pas indemne. Le visuel représente parfaitement l’expérience proposée: on voit le monde flou et ce n’est certainement pas Dieu qui nous aidera à nous en sortir. Déjà un candidat sérieux au Top 2022 (en sachant que le groupe a remporté mon top 2021 suite à sa collab’ avec BIG|BRAVE).
Dead Neanderthals & Aaron B. Turner – Corporeal Flux (2021)
Experimental Noise / Instrumental Jazzcore
Dead Neanderthals, cela ne vous dit peut-être pas grand chose. Pourtant, si Aaron Turner (Isis, Sumac) s’est associé avec les Hollandais le temps d’un EP, ce n’est certainement pas que pour la Marie-Jeanne (enfin, entre autre). Le duo batave est capable de composer des morceaux de quarante minutes… et à l’inverse de donner naissance à un album de neuf minutes (Rat Licker, 2021). Cela vous donne une idée de la profondeur du trip des gars. Corporeal Flux, sorti en décembre dernier, est un unique morceau de vingt-cinq minutes presque improvisé, mais dont les auteurs ont pris le temps de lui donner un sens au final. Les amateurs du groupe Bong devraient halluciner et se rêver en « fonce dés » le début. Joli, le jeu de mots, non ?
Bong – Beyond Ancient Space (2015)
Psychedelic Doom Sludge / Drone
Tiens, puisque j’en fais mention, je vous propose comme classique dans cet article le hyper-dimensionnel Beyond Ancient Space des Anglais de Bong. Véritable expérimentation extrasensorielle, B.A.S. vous envoie dans l’infini interstellaire durant quatre-vingt minutes réparties sur trois plages. Ritualisé, libérateur, étouffant et psychotique. Autant d’adjectifs opposés de sens que l’on peut associer à cet opus phénoménal et loin d’être simple d’accès. Les mélodies sont pourtant bien présentes et il est impossible de ne pas laisser son corps s’évader et divaguer loin de sa chair. Plus que spirituel, la carrière de Bong dans son intégralité est un appel du moi à se dévertébrer.
King Bastard – It Came From The Void (2022)
Doom Sludge
Pour celles et ceux qui auraient survécu aux quatre premières sélections, voici le coup de grâce en provenance de New York. King Bastard est revenu d’où se trouvait le groupe Bong dans l’Hyperespace dimensionnel en nous ramenant un psychedelic doom frisant le free jazz par moments, touchant le blues par d’autres, le tout surmonté par une puissance fuzz et un groove imparable. Les six morceaux s’enchaînent et ne laissent pas le temps à l’auditeur de réfléchir (il n’en est de toute façon plus capable à un tel niveau de défonce). Dans notre région, nous avons Absynth. Imaginez les deux combos sur scène et vous grillerez le peu de neurones qu’il vous reste.
Sur ce, je vais me défoncer.
Bon(ne) écoute (420)
- Tiph