Avez-vous déjà connu la sensation de l’étouffement ? Non, le mot n’est même pas assez évocateur pour exprimer l’émotion. Il serait plus proche de la désintégration. Parfaitement, la désintégration de chacune des molécules de votre si sensible existence. La radiation du système nerveux, sa paralysie totale. L’annihilation de toute forme de prétendue humanité. Les Danois de LLNN s’en sont approchés encore plus près en procréant cet opus dantesque Unmaker.
Après Deads en 2018, creusant déjà ce cratère invisible à nos yeux, ils enfoncent un météore encore plus gigantesque au fond d’un océan de poussière cosmique et presque insondable. Une étude approfondie de l’artwork nous en dit déjà pas mal. Ce vase littéralement soufflé ressemble à s’y méprendre à une tête arrachée, non ? Ou bien serais-je uniquement en train de conter un énième fantasme de mon esprit librement malade ? Bref, je ne sais pas, je ne sais plus, mais le champignon atomique est sur le point d’exploser.
Si la première partie de l’album promet du LLNN pur jus en plus lourd à chaque riff, il se produit à hauteur de « Vakuum » un tournant lors de cet interlude plus atmosphérique, sans toutefois perdre ni en violence ni en intensité. On se rapproche à cet instant X précis d’une galaxie qui s’apparente à celle des voisins suédois de Cult of Luna. Si ce n’est que ces derniers sont dans l’émotionnel. LLNN est dans la haine. Le rejet. L’innommable. Le vide. Non, je ne dis pas que le groupe n’émet aucune émotion, loin de là. Il en émet un véritable panel. Mais aucune d’entre elles n’ont de mots pour les décrire humainement. Il est impossible d’écouter Unmaker et de se sentir bien après. On ne veut plus, comme un drogué en manque de fixe, un alcoolique sans son gin, un assassin sans son meurtre.
Comme je l’écris plus tôt dans ces mots, il y a un avant et après « Vakuum ». Ceux qui me lisent régulièrement (et je vous en remercie du fond du cœur) connaissent ma traditionnelle méthode de décryptage titre par titre. Avec LLNN, j’inverse les codes et ne vous révèle que le substantiel de ce qui vous attend. Pourquoi écrire, pensez-vous peut-être ? Pour que vous preniez le missile en pleine tronche comme je me le suis pris moi-même. Sentir vos poils se hérisser avec effroi. Avec le souffle coupé par ce souffle immobile. Cette impression d’être déplacé dans l’espace et le temps.
Néanmoins, il y aura une « surprise » sur le final. Un aspect différent des Danois, une approche plus délicate mais moins intensive ou inintéressante. Comme une sorte d’avant-goût du futur ? De ce que l’on peut trouver au plus profond de soi si l’on creuse jusqu’à s’en arracher les cellules cervicales ? De nouveau, je ne sais pas, je ne sais plus. Ce que je sais par contre, c’est une règle grammaticale voire même plus plutôt lexicale. Les voyelles de notre alphabet, des alphabets en général d’ailleurs, permettent d’apporter une certaine douceur et des liens dans nos mots. Comme son nom l’indique LLNN les a oblitérés et creuse directement là où ça tue : les tripes et le subconscient. Découvrez Unmaker à pleine puissance afin de laisser couler le virus qu’il contient. Parce qu’à faible volume, vous n’en saisirez pas même une seule once de sa semence venimeuse.
- Tiph