Un premier EP à l’essence stoner en 2017 laissait déjà présager un groupe ayant le souci du soin, de la touche de qualité pour transformer du son en bon son. Quatre ans plus tard, les Français de Tremor Ama sortent enfin leur premier album Beneath. Le moins qu’on lui puisse dire est qu’ils ont persévéré dans la recherche de leur identité sonore en la peaufinant et lui apportant ce fuzz qui les feraient passer pour membres des Desert Sessions de Josh Homme. Parcours d’un effort à la fois sombre, aérien, lourd et caverneux.
Si l’intro laisse croire que l’on va plonger dans les ténèbres délicatement, « Green Fire » en ouverture est une excellente entrée en matière. Neuf minutes de trip dissonantes et glissantes sur une pente douce… avant de basculer de l’hallucination complète sur le final. J’ai hésité à inclure ce titre dans mon récit. Et puis, je me suis dit que je vous laisserai vous prendre la même claque dans la gueule que moi. Vous rappelez-vous Mars Red Sky ? On est dans un bong de fumée juste à côté.
Sans transition, Tremor Ama enchaine sur « Eclipse », plus ambiant dans son approche, une basse hypnotisant l’oreille et le cervelet, le tempo se réclame plus lent et plus atmosphérique. Les reverbs dans le chant apportent une profondeur au propos. Les post rockeurs d’Ingrina appliquent cette même recette dans leurs lignes de chant. Cela a pour avantage aussi de résonner très puissamment et de gagner en cohérence avec les parties instrumentales. De nouveau, le travail effectué sur les lignes de basse me laissent rêveur. On est lundi matin à l’écriture de ces mots. Je me défoncerais bien avec ma copine Marie-Jeanne en fait. Je vous mets au défi de ne pas laisser aller votre cou sur les trois dernières minutes.
« Mirrors » démontre de nouveau que le groupe gère très bien la montée en puissance. Après une brève introduction, le déluge de riffs s’abat dans les baffles de mon installation. Je me prends au jeu et imagine ma pedal board par terre devant moi et l’air guitar m’emporte dans un trip où moi seul me rend régulièrement. Oui, je dois bien avouer que je peux parfois faire preuve de certains aspects du syndrome d’Asperger mais tranquille, je le gère assez bien. Et ce genre de titre m’y aide aussi d’ailleurs. Lourdeur, expérimentation et énergie s’entremêlent dans la seconde moitié du titre. J’ai mis le son à fond dans mon salon. Cela vibre, tout vibre, je vibre, putain.
Pour conclure, le clip amateur donnant vie au morceau « Grey » est un parfait concentré de ce que fait de mieux Tremor Ama. Du Stoner, bien dosé en sludge et avec une montée en puissance parfaite. En plus de cela, le clip rend hommage à la loufoquerie que Red Fang peut inclure dans les siens, tout en ne copiant pas et mettant même en scène des aspects hypnotiques à consonnances négatives sur les risques que les fleurs peuvent engendrer. Oui, oui, les fleurs, il faut vraiment se méfier des fleurs, hein. Vous vous rappelez Trainspotting? Y ai-je perçu un hommage ou une inspiration ? Enfin, le décor dans lequel évolue le groupe fait écho à l’artwork de l’opus. Enfin, joli travelling de caméra pour résonner également avec celui-ci. Soyez attentif à la batterie.
En relisant mes lignes, je déduis donc que le maître mot de Tremor Ama est la résonance. La profondeur du son, la profondeur du trip et celle de l’esprit humain. J’ai assez bien déliré en écoutant Beneath, en augmentant le volume progressivement de morceau en morceau, tellement l’enchaînement est bien construit. L’EP éponyme est en téléchargement libre sur leur bandcamp et Beneath est proposé à cinq euros numériquement. Bref, amateur de fumettes, de riff lourd et envoutant, Tremor Ama est pour toi, mon ami.
Bonne écoute (et bon 420)
- Tiph