Une sélection de Tiph.
Fléau – EP Self-titled (2021)
Punk
Alors, j’avoue, je me suis fait berner sur coup-là. En voyant les teasers, je m’attendais à un doom lourd comme un rocher. Or, Fléau pratique un punk à l’ancienne, en français, rapide et dont le but est de vraiment voir le public se rentrer dedans. La partie la plus drôle se situe sur le fait que le visuel présente quatre chevaliers en armure, carrément près à dégommer et décapiter tout ce qui bouge, gentil ou pas. Ce quatre titres m’a foutu la pêche et en bagnole, c’est encore plus jouissif. Joueront-ils sur scène déguisés en Godefroy de Montmirail ? Putain, je l’espère parce que cela pourrait être vraiment puissant.
Mantar – Grungetown Hooligans II (2020)
Punk / Sludgecore
Tant qu’à rester dans un esprit anarchiste et destructif, j’embraye sur le duo allemand Mantar. Une guitare, une batterie. Le but est simple : chaque fin de live est le chaos le plus total. Mélangeant sludge, grunge, doom, punk, Mantar est une bête de scène qui doit devenir dingue terrée dans son trou. En juin dernier, ils balançaient Grungetown Hooligans II, un EP de sept reprises (L7, Sonic Youth, Mazzy Star, etc.) de cette génération MTV qui a influencé les deux comparses. C’est très libérateur, hyper violent et le groupe se réapproprie les œuvres tout en gardant l’esprit initial et rendant hommage à ces groupes d’un autre temps. Si votre gosse possède une batte de baseball, évitez peut-être de lui passer cet opus. Enfin, non, allez quoique, filez-lui à vot’ bâtard qu’il aille botter des culs.
Las Trumien – Licząc Umarłych (2021)
Sludge / Doom / Stoner
Du sludge gras et agressif, c’est une chose. Du sludge gras et agressif dans sa langue natale polonaise, c’est carrément du meurtre par égorgement de masse. Et ça démonte sévère. Les Polonais de Las Trumien (Forêt de Cercueils) ne font pas dans les fleurs, les roses et le doux printemps avec ce premier album éviscéré et vicieux comme un scorpion glissé au fond de ta chaussure (qui a la référence ?). L’EP de 2020 était déjà pas mal. Licząc Umarłych (traduisez Compter les Morts) va leur ouvrir des portes intéressantes dans l’avenir. C’est sale et adressé à un public averti, avide d’horreur et pas inquiété par l’incompréhension des textes. Vaut mieux peut-être pas comprendre en fait.
Septicflesh – Titan (2014)
Death metal symphonique
La perle du passé cette semaine nous vient de Grèce avec la légende Septicflesh. Associant à la perfection le classique à la violence extrême du death metal, la double pédale a rarement eu autant de grandiloquence. Dans cet opus, il y a presque tout : des riffs groove, des passages classiques, des soli envoutants et un univers qui transporte l’auditeur bien au-dessus de l’Olympe. Bien que tout l’album soit incontournable, quatre morceaux sortent du lot : « Prototype », « Prometheus », « Order of Dracul » et le titanesque « Burn » où j’ai failli tuer tout le monde autour de moi en live… Le groupe devrait bientôt refaire surface…
El Altar Del Holocausto – T R I N I D A D (2021)
Post Rock
On baisse le niveau de violence, mais pas celui de l’émotion et de l’intensité. Les espagnols de El Altar Del Holocausto continuent leur bout de chemin avec leur post rock spirituel traitant des thèmes bibliques. Le visuel est tout de même assez agressif bien que philosophiquement bien pensé (attention, il faut aller sur Bandcamp pour le voir, chaque morceau a son propre visuel). Dans les faits, on a droit à des compositions qui rappelleront Autism, Sagor Som Leder Mot Slutet, Toundra ou encore Sleep Maps. Ce EP T R I N I D A D ne vous laissera certainement pas indifférent si vous êtes amateur de post rock puissant, mélodique et quelque part, il y a toujours ce petit quelque chose de Caspian qui traine dans l’air…
Colline Hill – Skimmed (2015)
Folk
Si l’artiste bretonne s’aperçoit que l’un de ses albums figure dans cette NMS aux côtés des monstres, je pense qu’elle va se demander ce qu’elle y fout. Avec tendresse, je lui réponds qu’il manquait une note de douceur et une pointe finale féminine pour conclure en beauté. Skimmed fut son deuxième opus et révèle une sensibilité à fleur de peau. Une véritable sincérité se dégage de ses compositions qui rappellent des gens comme Bob Dylan, Joan Baez, Isobel Campbell ou Amy McDonald. Le timbre de voix par contre, étrangement me ramène à mon adolescence avec Dido. Bref, un moment de paix à la suite de la déferlante de riffs extrêmes, que demander de mieux ?
Bonne écoute.
- Tiph