En mars dernier, nous avons vécu une situation inédite où, pour la première fois de notre vie, une part de notre liberté de mouvement fut largement amputée par la situation sanitaire que nous connaissons toujours aujourd’hui. Cela a donné à pas mal de groupes l’inspiration pour écrire, pour composer… Pour rêver. Dans le cas d’Anozel, groupe originaire de France, l’onirisme est peut-être l’essence même de la définition du groupe.
The Eternal Sunday, comme vous l’aurez compris, a été composé pendant le premier confinement, et l’émotion qui ressort de ce disque correspond à 100% à la situation que nous avons vécue… d’une certaine manière. Je me souviens de cette première écoute, de ces sentiments que m’évoquait l’album, et je me suis dit qu’il se dégageait une délicate fragilité des compositions. Le côté fragile mais beau, traverse tous les morceaux.
Puis, il y aussi la jolie imperfection de la production qui ajoute de l’authenticité. Vous savez, quand un album est mal produit, ça se sent, c’est dégueulasse et ça sonne creux, on sent que le groupe a voulu aller trop vite… Par contre, quand la production est travaillée de manière « artisanale » et que ses imperfections lui rendent justice, ça se sent aussi et le travail fourni transparait aussi de cette manière. Ça en devient beau, intéressant… authentique, oui, c’est vraiment le mot. Ecoutez le très joli « metz » et j’espère que vous comprendrez ce que j’entends par authenticité.
Ce qui relie les morceaux, c’est aussi cette forme de contemplation. Ce mot et surtout son concept, nous avons dû apprendre à le cotoyer tous les jours pendant le confinement et Anozel est parvenu à traduire ce sentiment en belles mélodies. « a few weeks ago » incarne certainement le mieux cette contemplation que j’aime retrouver à chaque écoute de ce disque.
Enfin, pour terminer, il y a cet ovni, ce « kurtz » où les spoken words de Flo (notamment) viennent ajouter une dimension délicate supplémentaire, comme pour clotûrer l’album de manière encore plus mélancolique, s’il ne l’était pas déjà assez. Chapeau bas Anozel, avec The Eternal Sunday, vous avez peut-être sorti l’album le plus intimiste paru pendant le confinement. Et j’y retournerai régulièrement, parce qu’un long trajet en voiture en compagnie de vos mélodies, ça doit avoir son effet!
- Guillaume
Elle est rudement bien écrite cette chronique ! Et j’en profite pour vous dire, si vous voulez avoir une idée de ce que ça donne d’ « écouter The Eternal Sunday en voiture », il y a ça : la captation filmée de leur live acoustique, avec en fond, la projection vidéo d’un trajet en bagnole sur la route des Crêtes dans les Hautes-Vosges.
Il n’y avait certes pas de public, pas d’applaudissements, pas de gens un peu soûls qui renversent leur bière, mais ainsi en va-t-il du spectacle (mort-)vivant en temps de pandémie….
N’empêche, ça fonctionne bien : le côté acoustique fait honneur aux morceaux, on a l’impression de voyager pour pas un kopeck sans bouger son séant de son canapé et sans exploser son bilan carbone, et puis c’est garanti sans risque de transmission du SRAS-Cov2.
A voir ici, sur leur chaîne YT : https://cutt.ly/GkV1pwY