Quelques mois à peine après le brillant Drift Ten, David Walters et son projet The Echelon Effect sont déjà de retour pour un nouvel EP Drift Static, comme une sorte de suite à l’opus sorti en février dernier, en autoproduction. Et toute sa discographie se trouve en téléchargement libre s’il vous plaît !
Dans ma dernière chronique, j’avais le sentiment que Dave nous laissait dériver en direction du soleil. Sur Drift Static, une chose est certaine, nous ne sommes pas encore redescendus et le survol de Denver est un vieux souvenir. La contemplation de la piste d’atterrissage ou de décollage de Drift Ten a laissé place à la forêt sur le visuel. La force évocatrice avec cette brume est encore plus intense. Dans les Ardennes Belges, il y a une expression pour évoquer cette brume s’échappant de la forêt. « Le Renard boit son café » et fait référence au fait que l’évaporation de l’eau dans l’air indique que la journée sera belle. Avec The Echelon Effect et ce minimaliste Drift Static, non seulement la journée sera bonne mais le voyage relaxant et sain.
“One Day We’ll Have A Fireplace Of Our Own” suit donc son prédécesseur dans la douceur. Comme un espoir d’enfin trouver un terrain où se poser. Serions-nous des spationautes dans un fauteuil à la recherche d’un coin zen ? C’était mon ressenti à l’écoute de Drift Ten, cela le reste de nouveau. La contemplation d’un soleil chaud, une belle matinée où ce brouillard qui monte mourir dans le ciel. Des notes de clavier harmonise tout. « Fallen Pines » introduit une guitare discrète derrière un jeu de trompette très rafraichissant. Avant de laisser place à « Autumn Together », sorte de déclaration d’amour à la nature morte, une note de piano pour chaque feuille qui tombe au sol. Nous avons enfin trouvé un endroit où poser notre vaisseau en forme de fauteuil. Au fin fond d’une forêt paisible, aux couleurs rougeâtre et ocre, avec une petite cabane, celle où l’on s’abrite dans notre tête (imaginez-la, prenez une profonde respiration et laissez-vous guider). L’endroit n’est pas parfait ?
L’éponyme « Drift Static » est le moment le plus intense de l’album (oui, il y a réellement un pic alors que tout le reste est déjà de très haut niveau). Ce morceau aurait pu figurer sur la bande originale d’un Interstellar par exemple (quel film de fou, encore une fois bon sang !). C’est une véritable symphonie que nous délivre le musicien anglais. « Forever distant » me fait frémir encore d’avantage avec cette douceur traduisant presque un mal-être, enfoui profondément. Ce morceau (et le suivant) a un relent plus post rock que les autres à mon sens. On reste dans cette contemplation mais on creuse encore plus profond, oui c’est cela.
Chacun a sa manière d’exprimer son envie de passer à autre chose que cette année. Dave nous en donne sa version avec « This Year is Done », en donnant un peu plus de rythme avec l’ajout d’une batterie électronique. Ce morceau sonne comme un soulagement, une expiration à la suite d’une longue inspiration. Les amateurs de Lights And Motion vont en prendre plein la vue sur les deux dernières minutes. C’est intense, puissant et virevoltant. Les chœurs n’y sont pas pour rien. Écoutez, vous comprendrez. Toutes ces émotions pour nous déposer sur « High Plains », l’outro de notre long voyage, nous ayant fait traverser le ciel, Denver, l’espace et la forêt en l’espace de deux opus. Bref, quel(s) moment(s).
Je ne peux que vous conseiller d’écouter les deux albums l’un après l’autre. Vous y trouverez apaisement, sérénité et réflexion. Peut-être également un refuge pour certains ? Dans mon cas, je dois bien avouer que toutes la discographie de l’artiste me laisse calme là où d’habitude, je me sens incapable de trouver la paix. The Echelon Effect, non seulement met des mots sur mes maux, mais parvient aussi à les panser (avouez, elle est belle celle-là non ?).
Bonne écoute.
- Tiph