Je dois bien l’avouer, j’avais été moyennement déçu de l’album précédent d’Ólafur, Re:member. Pas moyen d’entrer dans l’univers, pourtant riche, de ce disque. Pour rappel, le musicien islandais avait créé une sorte machine qui lui permettait de connecter plusieurs pianos ensemble. Ainsi, lorsqu’il jouait de son piano, les autres pianos se mettaient à jouer eux aussi, seuls, en accord avec les notes qu’il produisait. C’était assez bluffant à voir en live à Bozar, à Bruxelles, avec ces 4 pianos dont les touches s’abaissent et se relèvent toutes seules tout au long du concert. Voyez plutôt :
Est-ce que ce système m’avait paru artificiel et que je n’étais pas parvenu à entrer dans l’univers de Re:member à cause de cela? Aucun moyen de le savoir. Parce que le visuel était tout aussi intrigant. Il s’agissait d’une représentation illustrative de la répétition des motifs musicaux, des notes, tout au long du disque. Donc plus une note était jouée, plus le point blanc correspondant à cette note sur la pochette était marqué. Ingénieux, original.
Dans some kind of peace, j’ai l’impression qu’Ólafur revient à l’essentiel. J’ai le sentiment qu’il compose comme il le fait toujours, mais encore plus cette fois-ci : avec son coeur. Pas d’artifice technologique, non. Uniquement des instruments souvent liés à l’univers de la musique classique, et son talent. C’est tout. Ah oui, et quelques guests aussi, même si je trouve qu’ils sont un peu effacés. Qui aurait pu dire que Bonobo se trouve derrière le premier morceau, « Loom », si ce n’était pas mentionné au dos de la pochette?
Ce dernier album représente tout ce que j’aime chez le pianiste et compositeur islandais : son sens de l’émotion retranscrit en musique. Même si « Loom » est un peu plus anecdotique, il possède une ambiance unique, comme tous les autres titres. Et c’est véritablement « New Grass » qui m’aura marqué dans ce some kind of peace. Quel morceau! Une puissante mélancolie se dégage des mélodies choisies et, comme toujours, Ólafur est capable de toucher avec des arrangements souvent très simples. Sa musique reste pure, minimaliste, touchante.
some kind of peace est de nouveau la preuve qu’il en faut peu pour faire fondre les auditeurs. Si les textures, les mélodies et la production sont bien travaillées, alors le tour est joué. Je ne vous cacherai pas que le nom d’Ólafur Arnalds y est peut-être pour quelque chose. Lorsqu’on aime un artiste, on a souvent tendance à apprécier plus facilement une de ses nouvelles oeuvres. Et avec lui, c’est souvent bingo, que ses albums touchent à la musique classique dite… « classique », ou moderne. Ici, on penche plus du côté moderne… Quoique.
Une chose est certaine, Ólafur s’impose comme l’un des maîtres actuels au piano. Pas en virtuose dôté d’une technique impressionnante, non. Plutôt un maître qui sait poser son jeu et connaît la valeur du silence. Il incarne à lui seul cette sonorité que l’on retrouve souvent chez les musiciens islandais. Cette sensibilité, ce sens de la mélodie et du minimalisme qui n’est perceptible que chez eux. Dès les premières notes, on reconnaît ces artistes, et en particulier Ólafur. Et je ne dirais pas que je l’aime de plus en plus, en revanche j’apprends à l’aimer différemment, tout comme lui se présente différemment, à chaque disque qu’il produit.
- Guillaume