L’année 2020 résonne telle une apocalypse en devenir et ce à tous les niveaux. Il n’est nullement nécessaire de ressasser une fois de plus les divers contextes sanitaires, économiques, politiques ou encore dans un cas plus grave et moins simple de réparation dans le temps, le contexte culturel. Dès lors, avec New Musical Horizon, j’ai envie de donner à cette année une bande originale. Une bande originale avec pour thème la violence, insidieuse et lourde, le destin et la théologie emmêlés l’un à l’autre dans une sombre voie. Les Enfers surgissant de terre pour détruire la moindre source de respiration non suffocante. Comme si une entité non humaine et au-delà supérieure à l’humain se réclamait la Terre qui nous accueillait, car nous autres humains, la souillons sans respect. Reprendre ses droits sur les droits sur la nature, oui. Voilà ce que m’a inspiré cet artwork dantesque des français de Subterraen. Mais encore…
Subterraen envoie un doom sludge aux tendances et vibrations black metal. Là où le trio nantais se démarquent, c’est dans la structure de ses compositions. Fiers de leurs influences comme Conan, Cult of Occult ou encore Jupiterian, Rotten Human Kingdom est construit sur des structures stoner doom, un peu comme Sleep ou Conan le ferait pour ne citer qu’eux. Il en résulte un ersatz, une chimère que je décide de transplanter en B.O. de fin de Terre. Trois morceaux et un interlude pour environ cinquante minutes de mort à petit feu (ou grand feu c’est selon le point de vue). Le cerf de l’artwork sera le conteur et le déclencheur de ce désastre annoncé.
« Blood For The Blood Gods » déchire la Terre en deux après une longue intro où le ton est donné. La lave comme du sang jaillit comme si une veine était coupée. On imagine la scène d’en haut. La forêt qui s’écrase sur elle-même, laissant la brume rouge et la lave rougeâtre rejoindre les nuages gris. Au centre de la scène, cette âme qui s’élève, cet animal Roi qui ne peut plus tolérer l’existence humaine. Au bout de cinq minutes, le propos se durcit. La chasse à la mort est lancée. Tout ce qui respire mourra. Alors s’enchaîne massacre sur massacre dans les villages avoisinants. Des fermiers arrogants aux laitières infâmes. Tout et toute vie est engloutie par la Terre et des cris du tréfonds des esprits.
Mais pourtant, l’animal Roi, le cerf se retrouve face à ce qu’il craignait de plus. Sur son chemin, se dresse un enfant. Non. Une enfant. Elle est en pyjama, pâle et apeurée. « For A fistful of Silver » démarre alors. L’Humain et son humanité n’ont fait que détruire tout ce qu’ils ont entreprit durant leur règne. Mais l’animal Roi n’est pas un assassin, non. Il est justice. Des larmes coulent les joues de la jeune fille. Non pas qu’il ait pitié mais il lui prend le rêve de dominer ce qu’il restera de l’humanité avec crainte et surpuissance.
Il s’approche de la jeune fille et lui tend ses bois, pas en guise de soumission, mais telle une main dans le vide. Au contact de la paume et du bois s’élève l’interlude « Oceans Are Rising ». Car les larmes de l’enfant se mêlent aux flammes et la brume pour dégager ce que d’autant appelleront des centaines d’années plus tard la moisissure toxique. Car le mélange de la haine de l’animal Roi et l’innocence de cette gamine libérera un gaz qui annihilera tout humanité. « Wrath Of A Downtrodden Planet » sonne comme cette fin de monde, d’ère, de mysticisme et de culte. Seul règne la mort et le chaos autour de l’Animal Roi et l’enfant dans ce royaume de pourriture humaine. On peut repartir de zéro pour rendre à la planète ce qui lui est nécessaire : le respect. Le cerf et l’enfant en qualité de souverains des souterrains.
Là où j’attends le retour de Cult Of Occult avec impatience, je trouve en Subterraen une lourdeur extrême pour laisser exprimer le mal qui continue de me ronger. Rotten Human Kingdom ne peut être écouté qu’à plein volume pour en maximiser son expérience et son aura. Il n’est nul doute que cet opus ouvre la porte aux grandes reconnaissances pour le groupe, aux cotés des Regarde Les Hommes Tomber ou The Great Old Ones dans le paysage de l’extrême à la française. NMH suivra avec attention cet animal Roi en devenir.
Bonne écoute.
- Tiph