Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Dix-neuf minutes. Dix-neuf minutes pour un EP de présentation. Certes, en principe pour notre webzine cela est un peu court et d’ordinaire c’est via Facebook que nous promotionnons, en vue d’un album qui lui fera part de notre webzine. Pourtant, les exceptions sont faites pour déroger aux règles. Et c’est avec un majestueux spleen que j’écris ces mots tant le projet des Lyonnais de Dad Is Playing Machine m’a amené à l’introspection. Celle qui permet de ralentir le tempo d’une vie infernale, cette introspection dont nous avons tous besoin à un moment dans notre course, dans ce brouillard qui nous entoure. Et justement, ce brouillard dans lequel nous allons plonger, il en est question sur The Mist, sortie prévue sur le label Araki Records.

 

D.I.P.M. se rapproche assez bien de ce que proposait le groupe AaRON à ses débuts sur le superbe Artificial Animals Riding On Neverland il y a de cela déjà treize ans. Principalement articulé autour du piano/voix en y ajoutant des atmosphères batteries ou claviers, selon les envies de ces deux membres, Dad et Robin. Le résultat : une sorte de folk assez mélancolique, ambiante qui dérive plus vers la dream pop, celle qui vient des tripes. Dad Is Playing Machine se déguste au salon, confortablement installé en fermant les yeux et se laissant emporter dans les airs matinaux, comme ceux du visuel sobre mais adéquat au contenu proposé. Pour votre première fois, je vous sers de guide.

Au moment où l’on ferme les paupières, le fauteuil s’envole vers un univers lancinant, à la recherche de quelqu’un à travers ce brouillard. « The Mist » est telle une complainte envers soi-même, un morceau de vie que Dad accepte de partager avec son auditeur. Des influences comme Nick Cave ou Thom Yorke et encore Damien Rice ne sont sûrement pas bien lointaines. La sensation de légèreté, de planer domine et le froid s’installe dans les veines. Derrière ce rythme calme se cache un mal qui cherche le soin. Le nombre d’instruments utilisés témoigne d’une vraie recherche de travail.

Le voyage se poursuit sur « Rythmes/Vagues » où des vagues de nuages poudreux seront sur le chemin de ce fauteuil en roues libres. Le chant se veut toujours aussi prenant et doux, empreint d’un vrai spleen. Les notes de piano plus prononcées, plus rapides, apportent une forme d’urgence, une émotion brute. Depuis ce fauteuil, j’observe les étoiles et ce que je cherche n’est pas encore là. Mais on s’en rapproche. Je commence même à pouvoir lui mettre des mots, mais non Tiph, il est trop tôt pour l’écrire. Ce morceau est toujours aussi proche d’AaRON mais aussi de Radiohead période In Rainbows. D’ailleurs, cet album est sorti plus ou moins en même temps que celui d’AaRON. Comme quoi je ne rêve pas apparemment. En fait si, je suis en plein délire, en pleine fusion avec mes mains, mes oreilles et mon ordinateur, mon exutoire du mal qui me ronge. Cette musique est salutaire dans ce cadre précis.

Et ce n’est pas le magnifique « Flower » qui viendra contredire ce sentiment. Dad Is Playing Machine est une machine justement, une machine à extraire les sentiments que l’on arrive pas à expulser. Cela n’existe pas encore d’ailleurs ce type de machine, le duo lui donne un prototype à travers ses orchestrations et les fantômes qu’ils transportent dans leur sac. De mon coté, le ciel est à son paroxysme. Le bleuté a fusionné avec ce rose pâle et donné à mon voyage l’aspect que j’espérais secrètement : celui de l’apaisement. Voilà le mot que je pensais plus haut, que mes mains préféraient attendre pour écrire.

Pour terminer ce voyage assis sans avoir bougé, quoi de mieux qu’un instrumental nommé « Lands », comme cet endroit qui nous a accueilli, sur lequel nous vivons, dans lequel nous serons un jour enterrés. Plus rythmé mais pas moins intense, « Lands » est la bande son du retour sur Terre et à la réalité. Celle dans laquelle je suis toujours assis dans ce fauteuil, PC sur les jambes mais avec la sensation d’avoir décollé très haut et de me sentir apaisé par ce baptême de l’air de dix-neuf minutes.

En seulement quatre chansons, Dad Is Playing Machine transporte son auditeur dans un univers zen et relaxant, tout en gardant une certaine noirceur, rendant The Mist intriguant, à fleur de peau et aérien. Il est un superbe EP en vue d’un album à venir sur lequel NMH se penchera en primeur à son annonce si le duo souhaite nous faire confiance à ce moment-là. Nous, on est charmé.

Bonne écoute.

  • Tiph

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