Mieux vaut tard que jamais, on est bien d’accord?
Qui a dit que le post-rock tournait en rond ? J’entends pas mal de mauvaises langues dire « on a déjà tellement fait en musique qu’il est difficile d’innover ». Alors première chose : qui a dit qu’il fallait nécessairement (et systématiquement) innover ? Les amateurs de nouveauté sont nombreux, c’est vrai, mais il n’est pas interdit d’apprécier la répétition en musique, ce serait d’ailleurs bien triste si l’on devait se contenter des artistes uniquement innovants. Deuxième chose : Aesthesys montre qu’on peut toujours apporter de l’innovation, aussi infime et délicate soit-elle.
Prenez un feu This Patch of Sky et ajoutez une touche électronique et d’influences de musique épique de film à la sauce post-rock et vous obtenez Aesthesys. C’est la définition qui, selon moi, est la plus précise pour décrire la musique du groupe russe. Plus je l’écoute, plus je suis convaincu qu’ils ont choisi la bonne voie sur leur nouvel album. En fait, ils poursuivent leur route qu’ils avaient commencé à tracer avec Achromata et en affinent les contours. C’est un réel plaisir de découvrir qu’un tel groupe développe toujours autant son identité après 3 albums studio. L’album de la maturité vous avez dit ? Peut-être.
Il y a quelques titres incontournables sur Alignments. « Hello World » restera un de mes préférés. Il combine les éléments caractéristiques du post-rock, notamment la sensation de crescendo, avec des « gimmicks » de musique épique, ou musique cinématographique, comme je le disais dans le paragraphe précédent. La batterie fait aussi son job de donner une rythmique attirante, qui colle à l’ambiance post-électronique de l’album mais également aux passages plus groovy, notamment sur « Better Stranger » que j’adore.
Je suis triste pour Aesthesys. Triste qu’ils ne reçoivent pas plus de chroniques, triste qu’on ne les écoute pas plus, parce qu’ils le méritent franchement. Ils y a des albums comme Alignments qui passent sous le radar des blogs et il est bon de se rappeler que c’est aussi grâce à vous, cher lecteur, que les groupes veulent continuer à produire de la musique. Alors parlez autour de vous d’Aesthesys, partagez la musique que vous aimez et faites la découvrir à vos amis. Faisons, tous ensemble, que le format « album » perdure, non seulement pour la beauté de l’art, mais aussi pour la pérénité du monde culturel qui vit des heures sombres en ce moment, à l’abri des regards médiatiques.
- Guillaume