Sois l’inconfort… La traduction de ce premier LP des Suèdois de Iron Pike nous indique d’entrée de jeu sur quelles ondes nous allons circuler. Des ondes de fréquence très basses. Voilà un petit moment que je n’avais pas eu la chance d’écrire à propos de doom sludge. Forcément, la Suède étant un nid musical de tout genre, je n’ai pas eu à chercher bien loin pour trouver. Mais encore fallait-il trouver une pépite. Je voulais justement un peu me sentir dans un bain pour revenir sur un genre qui me passionne et en même temps, me sortir de ma zone de confort. Vous voyez où je veux en venir ? Iron Pike m’a emmené avec lui dans un environnement étouffant, éthéré et cathartique.
Pourtant, je dois bien être franc et nous sommes sur un blog libre, la première écoute fut difficile. J’avais du mal à rentrer dedans, j’étais peut-être pas dans un bon jour, j’en sais rien et tout le monde s’en fout. Mais les seconde et troisième furent très prenantes et je peux sans souci annoncer que j’ai trouvé une pépite à suivre. Le groupe existe depuis 2015 et sort seulement son premier monstre en 2020. Deux EP’s ont préparé le terrain à cet hybride oscillant entre doom, sludge et post hardcore. Ce premier album est en tout cas, un parfait condensé de toutes les qualités que le groupe possède. Quelque chose qui s’approche des brillants Thou, ça vous botte ? Iron Pike en est une version européenne dans l’approche
S’ouvrant sur “The Great Deep”, Iron Pike place la barre haut d’entrée de jeu mais sans se précipiter, en prenant le temps d’ouvrir l’album sur un long passage typique doom sludge avec un sample monologue qui a le don de mettre mal à l’aise (donc cohérent). Avant l’explosion vocale et le déchirement qui en découle. Le ressenti que les paroles sont vomies et crachées est impressionnant, cela semble naturel.
“Pig Manners” va durcir encore le ton en incorporant des notes électroniques disgracieuses et très variées. Cela renforce le coté sludge par les grasses notes et le coté électronique est disloqué par le sludge. L’ensemble est malsain, écouté à fond dans une petite pièce, la suffocation guette. Iron Pike glisse ensuite dans un registre plus post hardcore avec des riffs plus mélodiques sur “Forked Tongues”. Mais que ce soit doom ou post hardcore, le groupe ne perd pas en intensité.
Ne reste plus que le très atmosphérique doom sludge “Loathe”, qui me rappelle étrangement Cult Of Occult dans le jeu de batterie. Iron Pike aime incorporer des intros dans leurs compositions car il faut patienter deux minutes avant le déluge de riffs et des hurlements déchirés. ils balancent tout ce qu’ils ont dans le ventre pour conclure en puissance ce Be The Discomfort alors que la machine se meurt. Ecoutez et vous comprendrez mes mots.
Quatre morceaux pour trente minutes de son. J’ai peut-être été moins symbolique que d’habitude mais Iron Pike va à l’essentiel et démontre un vrai potentiel à suivre. C’est ça qu’il faut retenir: la qualité proposé par l’artiste! Après deux EP’s, ce premier effort est un essai marqué. Ajoutez à cela un visuel sobre mais beau (par contre, le logo est somptueux), vous avez un excellent album à vous mettre sous la dent si vous avez envie de triper dans le noir, en visionnant un film muet en noir et blanc par exemple. Ah oui! j’allais oublié un tout petit détail. C’est un certain Magnus Lindberg qui a masterisé l’opus… La Suède est et restera une valeur sûre dans la découverte musicale tant que des monstres comme lui opéreront en arrière-plan, quoi qu’il arrive dans le futur.
Bonne écoute
- Tiph