Ulver fait partie de ces formations qui ont décidé, du jour au lendemain, de changer totalement de style et d’embarquer pour une aventure musicale se situant à l’opposé de leurs origines. Dans ce cas, on pense également à Anathema, Katatonia ou encore Opeth dans une moindre mesure. Ce virage à 180° a pour effet de rebuter certains « fans » de la première heure qui vous sortiront l’unique argument massue valable : « c’était mieux avant » (ironie). En revanche, sur NMH, pas de ça mon gars. Plutôt l’inverse, plutôt de l’amour.
Le black metal fait donc partie du passé, déjà lointain, du groupe norvégien. Ce treizième album est d’ailleurs le petit frère de The Assassination of Julius Caesar, qui avait fait beaucoup parler de lui pour son côté plus pop que la majorité de la discographie du groupe… Pop si on choisit de ne pas écouter en profondeur, car il y avait bien quelques passages bien fumés dans cet assassinat de Jules César (d’ailleurs, foncez écouter « Little Boy » pour prendre une nouvelle claque sur ce nouvel album). Ensuite, avant de sortir Flowers of Evil, Ulver s’était à nouveau adonné aux plaisir de la musique ambient / drone avec Drone Activity, un album très réussi qui ravira même les plus réticents au drone. Il s’agit presque d’une bande originale d’un film imaginaire tant l’ambiance de cet album est riche. N’hésitez pas à jeter vos oreilles dessus.
Flowers of Evil marque tout d’abord par sa pochette… intrigante. Un visuel qui ne montre rien de réellement explicite, mais qui dégage une certaine angoisse et une sorte de malaise de par les émotions ressenties dans le regard de la jeune femme (ou du jeune homme?) se faisant couper les cheveux. Une pochette qui ne présente, a priori, pas de points communs avec la musique qu’elle illustre, on connait cependant le côté exprimental du groupe et on pourra facilement imaginer leur volonté de provoquer un questionnement de par le choix de cette image magnifique et perturbante.
Je vous le disais donc, Flowers of Evil est le frère de The Assassination of Julius Caesar, musicalement parlant. Les amateurs de cet album (que j’adore) y retrouveront le style faussement pop mêlé aux sonorités synth qui donnent au disque des allures de dark dream pop… Si le style existe. J’adhère totalement, le format chanson se prête bien à ce genre musical rafraichissant où l’on prend plaisir à retrouver quelques refrains plus catchy, comme sur « Machine Guns and Peacock Feathers » ou « Apocalypse 1993 » notamment. De plus, Ulver ne délaisse à aucun moment le travail autour des textures et des détails qui renforcent la richesse des compositions. Faites le test et concentrez-vous sur ce qui se passe en arrière plan… Et je ne parle même pas de la production sans faille, même si je n’ai pas encore eu l’occasion d’écouter l’album en haute qualité (seul le format 256kbps était diffusé en promo). Ça promet!
Quand je vous disais qu’on s’approche de la dark pop, ce que j’aime finalement c’est cette dualité entre le bien et le mal, entre l’euphorie et la tristesse. Ce contraste se retrouve dans les paroles. Le dernier morceau qui semble « niais » (le terme est peut-être un peu fort) à première vue métamorphose son ambiance lorsqu’on place le curseur sur ce qui s’y dit:
« This is the story of two young lovers on a beach
who found each other by the end of the war.
They set out to explore the bodies on the shore.«
Alors qu’on s’imagine un couple paisible en se disant « qu’est-ce qui se passe Ulver, tu nous la joue lover sentimental? », le groupe nous rappelle qu’ils aiment que ce soit légèrement glauque… Malgré la mélodie plutôt accrocheuse. « A Thousand Cuts » est un final génial pour un album qui l’est tout autant. Peut-être même mon morceau préféré.
Ulver montre une nouvelle fois que la simplicité peut triompher. La complexité n’est pas toujours synonyme de qualité et le collectif norvégien prouve qu’en travaillant les textures et les ambiances avec des mélodies plutôt « catchy », cela donne un résultat ravissant. Flowers of Evil est un disque à recommander. Il sort ce vendredi et je vous invite vraiment à lui donner toute l’attention qu’il mérite, surtout si vous avez aimé The Assassination of Julius Caesar. Voilà donc une identité musicale consolidée, renforcée. Longue vie au nouveau Ulver.
- Guillaume