Attention, baffe dans ta gueule en approche.
Si tout comme moi, vous désespérez en attendant le troisième album des mystiques B R I Q U E V I L L E, vous avez deux solutions. La première consiste à se repasser leurs deux premiers albums. La seconde, et celle que je vous recommande fortement, est de découvrir les brillantissimes américains d’Olde Rasputin, qui ont sorti Expedition fin 2019, leur premier rejeton. C’est donc un petit retour en arrière que NMH vous propose aujourd’hui. Et croyez-moi, vous ne serez absolument pas déçu.
Olde Rasputin propose un post-metal aux accents drone et doom sludge très condensé, lourd et absorbant. Les morceaux sont relativement longs et demandent une dévotion totale de l’auditeur. Il faut prendre le temps d’écouter Olde Rasputin. Tu n’écoutes pas ça en coup de vent dans ta caisse en allant travailler en gros.
Preuve en est sur « Lost », pavé de près de seize minutes, démarrant sur un long passage de dissonance chamanique. Le rituel peut débuter si tous les participants sont bien installés. Êtes-vous prêts à donner votre sang à la Bête dans la jungle de nuit ? Votre dévouement est requis pour célébrer la messe sombre s’il vous plaît. Cinq minutes sont passées et je suis déjà en transe. Et soudain l’explosion, ce riff doom sludge, mon corps part avec le son. Le trip ne s’arrêtera pas avant la fin de l’album. On se sent dans une jungle si oppressante qu’elle pourrait nous tuer rien qu’en respirant, mais non, nous sommes toujours dans le rituel. On pourra respirer quelques minutes avant un final en puissance divine.
La suite fait part belle à la basse sur « Return ». Sorte de trip acide rythmé et entrainant avant de plonger dans un drone lancinant à la moitié de la composition pour terminer sur la mélancolie. « Signal » se veut plus progressif dans son approche. La composition s’éclaire peu à peu au profit d’un post-metal qui déchire le cou. Le tempo va ralentir et se faire de plus en plus lourd. La psyché en prend pour son grade, le délire me gagne en m’abandonnant de nouveau dans la dissonance.
J’aperçois le bout de chemin de cette jungle menaçante. J’ai donné mon sang à la Bête mais elle en voulait plus. Elle voulait mon âme. Elle va l’obtenir sur le très Stoner Doom « Fading/Away ». Cette composition me ramène à B R I Q U E V I L L E. La course poursuite finale sera haletante et de nouveau, le cou va morfler jusqu’aux ultimes secondes. Je crois pouvoir m’échapper mais non, la Bête me rattrape et fait de ma chaire sienne. Je deviens la Bête à mon tour.
Vous l’aurez compris, j’ai bien déraillé sur cet album très prenant qui comporte d’énormes qualités. Les quatre morceaux proposés par Olde Rasputin sont tous différents les uns des autres, démontrent toutes les influences de ses membres, mais cela ne s’éparpille pas. Le groupe suit sa ligne de conduite et va proposer dans le futur quelque chose de gargantuesque. Peut-être déjà le second album ? J’en suis presque convaincu.
- Tiph