Pelagic Records a pour habitude de produire des artistes de qualité. C’est une nouvelle fois le cas avec ce Nullity des Américains de Lesser Glow. Distillant un sludge froid, voire glacial par moments, Nullity est vraiment éthéré, mais pourtant apporte de véritables nuances dans son jeu. On a droit à du growl et du chant clair dans les voix. Niveau musical on a même parfois ce qui approche le plus de riffs black adaptés à la sauce doom.
Entendez par là que le propos sonne parfois blackened doom.
L’excellent « The Great Imitator » nous met dans le bain directement avec un bel aperçu de ce que nous aurons droit durant les 38 minutes de la galette. La martialité est au rendez-vous sur « Red Ayrag », très sludge et direct punch line, pour tomber dans le doom sludge pur jus sur « Fostering This Nullity » et son final explosif. C’est très atmosphérique et on se laisse absorber de plus en plus au fil des minutes. Le chant clair aérien n’est pas sans rappeler les excellents Greyfell et la répartition growl/clair se fait naturellement sur l’opus dans sa globalité.
Coté prod, beh on est chez Pelagic cousin, d’office tu as un son de porc et chaque fibre en est perceptible. Nullity prend toute son aisance sur chaine-hifi. C’est la seconde release du groupe en deux ans et cela me donne réellement envie de découvrir le premier album. À noter que l’ingé-son d’une certain Chelsea W. (je la garde anonyme, vous n’avez pas besoin de la connaitre) fait partie du line-up. Pas étonnant que l’album sonne très heavy.
Après la semi-interlude « Alone In The Column » et de nouveau son final démentiel, le post metal s’invite à la fête sur « Versterven ». Le chant est purement démentiel, démoniaque, tout droit sorti des Enfers. Ce morceau représente parfaitement mon ressenti blackened, presque death même, comme je le mentionnais un peu plus tôt. Et une nouvelle fois, le morceau est conclu en puissance. Le moins que l’on puisse dire est que Lesser Glow ne laisse rien au hasard et est capable de clôturer ses chansons.
« I Am The Island » me ramène aux excellents Alkymist, que nous avons chroniqués début mai. Un riff. Un seul qui va poser l’ambiance et commencer à creuser le trou annonçant la fin de l’album. Mais tout n’est pas dit, no stress. On va encore manger pendant un peu plus de 10 minutes. À commencer par ce « The Great Filter », un peu Rosetta dans l’approche, très dynamique et mélodique, accompagné de cette voix infernale. Ce titre est connecté au dantesque final « Toba » en reprenant toutes les bases de leur son : du sludge aux accents post et une ambiance presque glaciale comme du black. Le mélange des diverses influences des membres du groupe doit certainement être pour quelque chose dans ce son propre à eux : pas forcément gras comme du sludge le définit, mais lourd et étouffant comme du post, en combinant les deux.
À cela, on ajoute un superbe visuel, qui n’est pas en noir et blanc, l’effet d’optique et la lumière naturelle sont trompeurs. On a affaire à une magnifique photo hivernale et c’est parfaitement cohérent avec le contenu du disque justement. Froid comme du black, mais avec ce petit plus qui lui confère une véritable aura. Si je n’avais pas vu la nationalité du groupe au préalable, j’aurais juré qu’ils venaient des pays nordiques tant ils se sont appropriés la nature, l’essence que des groupes norvégiens peuvent avoir. Mais en version doom. Bref, une bonne claque qui défoule et que je vous recommande vivement.
Bonne écoute
- Tiph