Dans mon mode de pensée, les albums que je choisis de découvrir, du moins les artistes inconnus au préalable, sont fortement influencés par le visuel proposé. Certes, il ne faut pas juger un livre à sa couverture, dit-on souvent. Mais dans le cas du disque, comme du livre, le visuel fait partie intégrante de l’œuvre et offre une idée de ce que l’on s’apprête vivre. Ou parfois pas.
Dans le cas des Lettons de T E S A, nous allons vivre une expérience hors norme du début à la fin, et ce dès le visuel, joliment travaillé dans la sobriété, mais stylé. Il laisse place à l’imaginaire et à la nuance. Déjà la quatrième réalisation de ce groupe se situant à la frontière si mince entre post-rock et post-metal. L’hybride que je référence à chacune de mes chroniques et que je recherche, tant il est vibrant de sensations. C’est d’ailleurs un constat que je me fais à moi-même : les groupes originaires d’Europe de l’Est émettent ce petit truc significatif qui leur donne une véritable aura, un sens et une puissance indéfinissable.
Là, je me vois dans un film de Christopher Nolan (Inception, Interstellar, Tenet bientôt sur l’écran) tant l’expérimentation que T E S A développe sur Control s’y prête. Il pourrait très bien être la bande originale de l’un de ces trois longs métrages. Un trip radiophonique très graphique genre fréquence ondes courtes, ouvrant sur un univers parallèle où la gravité n’a plus de sens et l’on se questionne sur l’univers. Je vais loin, vous trouvez ? Pourtant, croyez-moi, c’est vraiment la sensation que l’on vit à l’écoute de cet album. Comme si Year Of No Light et Russian Circles voulaient absolument rencontrer BARRENS et former une chimère
On voltige très haut pour creuser dans les profondeurs du ciel. L’intensité est pure, énorme, englobante, aérienne, le trip débute à la seconde 1 et se termine à la 2460ème. Divisé en six parties, Control est une sorte de morceau unique nuancé par des passages plus similaires à des interludes planantes, presque drones. Ce qui a pour effet d’aérer la composition et renforcer la lourdeur des autres. Vous en faire un descriptif titre par titre n’aurait pas de plus-value dans mon optique. Il faut l’écouter dans sa globalité pour s’en imprégner et comprendre mes propos. C’est comme trouver la fréquence parfaite pour écouter la radio, avant de réaliser que l’on est soi-même cette fréquence. Je suis incapable de vous expliquer pourquoi cette notion de radio, de fréquence me vient à l’esprit à l’écoute de cet opus. Excepté le début peut-être.
L’ensemble est dynamique, lourd, puissant, mélodique, caverneux et violent à la fois. Parfaitement produit, tous les instruments sont audibles. En salle, l’album doit prendre des proportions dantesques. J’en suis à ma sixième écoute à l’heure où j’écris ces mots. La persuasion que j’écris à propos de l’une de mes releases favorites de 2020 se précise de plus en plus. Seul le temps me dira si je suis dans le bon. Mais je ne me trompe pas, je vous en donne mon bras gauche.
En extrait, je vous propose de vous familiariser avec le titre « Control 5 », présenté de manière officielle par le groupe mais « Control 1 » et « Control 2 » sont au moins aussi dantesques. Tout l’album est en réalité dantesque. Car oui, et ce sera là mon final, T E S A élève le mot dantesque à son véritable rang, son niveau d’excellence et toute sa splendeur.
Bonne écoute
- Tiph