S’il est un groupe qui devait se nommer Inventions sur cette planète Terre, je pense sincèrement en avoir découvert la version musicale la plus proche et/de sa définition la plus précise.
Je ne connaissais pas, avant de tomber par hasard dessus, alors que l’un des membres fondateurs n’est autre que Mark T. Smiths, plus connu pour son travail avec Explosions In The Sky. Son acolyte Matthew Cooper officie au sein d’Eluvium, dont je n’ai jamais entendu parler avant d’écrire ces lignes. J’aurai un certain plaisir à aller étudier cela plus tard.
Revenons à nos moutons électriques s’il vous plait. Inventions est déjà auteur de trois albums, incluant ce Continuous Portrait. Pardon ? Niveau style ? Eh bien c’est là que réside la subtilité du nom du groupe comme je le mentionnais. On est dans du post-rock hyper expérimental, mêlant bruit d’ambiance de ville et de nature sur des claviers tantôt psyché à fond tantôt recherchant la douceur sur des mélodies parfois « trompeuses », dans le sens où il faut écouter derrière la mélodie principale pour entendre le vrai morceau. C’est un peu une bande originale d’un film d’auteur sans musique (cherchez l’erreur).
Vous êtes certainement en train de penser que je suis bon à enfermer. Je ne pourrais pas vous donner plus raison. Mais la complexité de l’opus dans sa globalité n’est pas à la hauteur du premier venu, il faut l’avouer et ne vous méprenez pas, ce n’est pas péjoratif. Il m’a fallu cinq écoutes pour comprendre le trip. Et pour être franc d’ailleurs, je n’ai toujours rien compris mais j’adhère. Cet album sort cinq années après son plus proche prédécesseur. Attention, good trip dans 3, 2, 1…
Sur un démarrage très porté sur les claviers électroniques avec « Hints and Omens », on bascule vers un trip alambiqué pur expérimental avec des rires et des voix off. « Calico » et « Outlook For The Future » ressemblent à des morceaux hippies des années 60, pieds nus, cheveux au vent et gros pétard au bec. Ca sent bon la fleur bleue à plein nez et c’est très apaisant. Entre ces deux morceaux, l’éponyme « Continuous Portrait », sorte d’interlude qui n’est pas sans rappeler le fameux Ummagumma de Pink Floyd… Dans l’approche, je souhaiterais préciser. En fait, en y réflechissant, c’est tout l’album qui me ramène à ce monstre de la musique.
On a vraiment le sentiment que les deux musiciens ont composé cet album en pleine rue en observant le défilement des passants de tout genre. Les promeneurs, les travailleurs, les perdus, les errants. « Close To People » est vraiment une synthèse de cette idée. Il y a un peu de chant, mais il est presque en arrière-plan, voire quasi inaudible. Preuve que le groupe souhaite d’abord mettre l’accent sur la spiritualité et non la définition des mots. De nombreux instruments différents ont été utilisés durant cet enregistrement. Je reviens encore dessus, mais comme, justement, Ummagumma.
« Spirit Refinement Exploder » a un petit côté Radiohead période Amnesiac et Kid A vraiment pas déplaisant. L’ambiance électronique est vraiment prenante, je suis en train de l’écouter avec un casque de haute qualité, il y a un travail en sous-couches bluffant. Imaginez que vous écoutez une chanson et en superposition, il y en a une autre qui est jouée en même temps, deux tons plus bas. On pourrait croire que cela va s’assembler n’importe comment. Et bien non, cela crée une nouvelle couche si on est bien attentif. Ce morceau est énorme, je vous le conseille vivement mais je vous invite à faire l’effort de vous rendre sur leur Bandcamp pour l’écouter.
L’opus dure à peine 36 minutes dans un univers inédit. C’est trop court, la fin s’amorce déjà doucement sur « The Warmer The Welcome » avec une composition me rappelant les excellents Weserbergland. Planant, totalement hors du temps. Le plus déroutant reste l’absence de « refrain » si vous me suivez. On est vraiment à mi-chemin entre du post rock, de l’atmosphérique et du noise. « A Time in My Life » me ramène à l’excellent Sleep Party People (récemment sur la page Facebook de NMH) de par l’instrumentalité. Le trip arrive à sa fin avec le sublime « Saw You in a Movie », très atmosphérique avec des notes de piano presque sans sens et pourtant remplies de puissance. On a vraiment la fausse impression que les musiciens sont en improvisation totale. Or c’est tout le contraire. L’album est maitrisé de bout en bout. On est arrivé exactement là où les musiciens voulaient nous amener : faire replay encore une fois. Sixième dans mon cas.
En définitive, comme je le mentionnais, c’est un album superbe, pas forcément à la portée de tous si on ne connait pas l’univers de la musique ambiante un minimum. J’aurais tendance à vous dire de bien vous familiariser avec les groupes en FFO que nous vous proposons avant d’attaquer ce monstre cérébral. D’ailleurs en parlant de cérébral, le visuel de Continuous Portrait n’aurait pas pu être plus proche de son contenu. On part dans tous les sens, mais tout tournera toujours de l’esprit de ses créateurs. Excellente découverte, je vais me lancer dans les précédentes releases.
Bonne écoute
- Tiph
PS : écoutez Ummagumma, faites-moi plaisir. Et prenez un bon gros…enfin vous savez quoi.