« L’impermanence des choses, c’est l’apparition, le passage et la transformation des choses ou la disparition des choses qui ont commencé à être ou qui ont apparu. Cela signifie que ces choses ne persistent jamais de la même façon, mais qu’elles disparaissent et se dissolvent d’un moment à l’autre. »
Voici un extrait du Visuddhimagga, un texte faisant partie intégrante de la culture bouddhiste.
A la lecture de cette définition, que j’ai lue après avoir écouté l’album de surcroit, je me rends compte que SEA n’a pas seulement eu l’envie de faire un disque. Mais bien de faire passer un mode de pensée, propre à eux et qui se caractérise par les émotions et les transitions qu’on y rencontre durant ces 43 minutes. Premier album pour les Américains, après un EP prometteur et deux splits, les voici cette année avec ce Impermanence. Et je vais directement au fait : j’ai là un des albums du top 5 2020.
Premièrement, pour un groupe ayant opté pour le patronyme « Mer », on n’aperçoit pas la moindre goutte d’eau sur le visuel. Quoiqu’un détail très subtil pourrait nous y ramener. Un indice : Observez le centre de l’image. Non je ne vous le dirais pas, sauf si je suis contacté pour en discuter en privé. Le mysticisme a toujours eu, et aura toujours du bon.
D’un point de vue musical, si l’on se réfère à la définition, le groupe a tout compris et pris le pari de faire mélange subtil de Doom à toutes ses sauces, de Post Metal et Post Black, en saupoudrant un peu de Sludge par moment dans l’accordage, voire des éléments Post Rock. À l’exception près que l’on passe d’une émotion à une autre dans un même morceau. On démarre sur du Doom Sludge avec un chant très black sur « Penumbra » avant d’oscillier sur un passage Post Black/Post Rock on ne sait pas trop se situer. C’est très lent, lourd avec des envolées typiques du black aérien, assez inattendues je dois dire. Le mot d’ordre : on fait quelque chose et on voit où ça mène.
« Shrine » reprend les mêmes éléments en y incorporant un peu de chant clair. Peut-être même un plus lourd. Les fantômes de Lantlos, Alcest ou un YOB par exemple se laissent planer au-dessus de cette mer. Il en sera pareil sur « Ashes », aux relents plus Post Rock, avant de s’intensifier et dériver vers une lourdeur Doom et toujours ce chant Post Black, qui finira par l’emporter sur la composition en y incoporant du Post Metal.
Avant de terminer l’album sur le colossal « Dust », nous avons droit à un petit interlude de 4 minutes, plus ambiant. Nous en aurons pour absorber les 13 minutes finales, où le groupe nous amène dans le tréfond des abysses sous-marins. Impossible de lâcher une fois que la piste est lancée
Vous l’aurez compris, ce que je trouve génial est d’avoir osé proposer un album non pas de Doom, pas de Post Metal, pas de Post Black, mais des trois styles, voire plus. Un peu une sorte d’hybride, comme on en trouverait dans les fonds marins. Et comme vous le savez à force de me lire, ce qui m’importe c’est la cohérence. Impermanence est un album qui laisse apparaitre, transforme et disparait dans les abîmes qui en sont créées. A la fin de la première écoute, on le remet une seconde fois juste après et on en percevra une autre dimension, une autre couche encore. Encore et encore.
Relisez la définition de l’impermanence maintenant svp. Tout est connecté, comme une philosophie de vie bouddhiste.
Bonne écoute
- Tiph