Je connais Often the Thinker depuis un moment mais je n’avais pas encore eu une belle opportunité pour parler de leur très jolie musique. D’ailleurs, c’est à se demander comment ce groupe est parvenu à rester dans l’ombre alors qu’il sort des albums depuis plus de dix ans et que ceux-ci sont au nombre de cinq. Pourquoi est-ce que seulement 396 personnes, au moment où j’écris ces lignes, aiment leur page Facebook? Pourquoi n’ont-ils pas plus de soutien? Ceci est ma petite contribution qui servira, je l’espère, à élever ce nombre bien inférieurement proportionnel à leur talent… Faites moi plaisir et lisez ces modestes mots en écoutant ce merveilleux album.
Je suis friand de ces groupes qui apportent une touche originale qui fait de leur musique un genre qui leur est propre. Comparable à Wang Wen pour certains aspects, Often The Thinker incorpore aux mélodies aériennes caractéristiques du post-rock une section cuivre chaleureuse qui confère à leur style et donc à cet album, une ambiance quelque peu « jazzy ». Le terme « jazzy » est effectivement à mettre entre guillemets car il me semble qu’il soit un peu galvaudé depuis quelques années. Ce n’est pas parce qu’un artiste ajoute de la trompette sur son album de black-métal qu’il devient forcément du jazz, mais vous m’avez compris.
Cette utilisation des cuivres est accompagnée par d’autres effets pour le moins étonnants. J’attendais avec impatience qu’un groupe tente ce genre de choses dans le post et c’est ici le cas ; sur « My Ivory » et « Forgotten Instincts« , la guitare fait clairement penser à ce que certains groupes de country pourraient produire. Cela a pour effet d’insuffler dans les compositions une sorte douce naïveté, une chaleur délicate peu commune dans le style, posant ainsi un sentiment confortable de quiétude.
La section rythmique se veut également remarquable avec ses airs de ballade innocente tout à fait appropriés aux morceaux qui forment Greatest Possible Tenderness. Lorsque cette rythmique est conjuguée avec une explosion des cuivres et de la guitare, cela donne de jolis climax pleins de joie comme sur l’excellent « Choking, Warming, Stifling » qui gagnera à être écouté plusieurs fois afin de se dévoiler progressivement à votre oreille.
Ces climax ne font pas l’essentiel de l’album et d’ailleurs le groupe n’oublie pas que l’équilibre est la clef de la réussite. « Such Rot Let Loose » calme le jeu et propose une (presque) fin d’album plus posée, plus mélancolique pour au final faire de ces (plus ou moins) 35 minutes un très joli voyage mélodique dont je ne suis pas prêt de me lasser.
Je présume que le groupe n’est plus très loin de se faire produire sur un label qui leur permettra d’être reconnu plus largement comme il se doit. Often the Thinker est un projet qui mérite toute votre attention ainsi que celle des labels, promoteurs et autres organisateurs de festivals qui pourront les répandre sur la planète post-rock. Je fais le souhait sincère de pouvoir apprécier leur musique en live et de pouvoir à nouveau écrire au sujet de leurs mélodies apaisantes.
- Guillaume