3e édition (déjà) pour le Post in Paris, et première fois pour nous après 2 premières éditions malheureusement ratées. Vous pouvez donc imaginer notre joie de pouvoir enfin y participer, d’autant plus que pour cette 3e année, l’orga a décidé de voir les choses en grand : exit le Bus Palladium et place à un lieu original qui leur va parfaitement : le Petit Bain. Et qui dit lieu à configuration originale, dit déroulement original : outre le fait de proposer bien évidemment des concerts dans la cale, cette année auront été également prévus plusieurs concerts gratuits sur le pont, un peu à l’image de ce qui se fait au Dunk ! (concerts sous tente payants/concerts dans la forêt gratuits). On ne peut que saluer cette initiative.
Et tandis que certains sont toujours en train d’accomplir leur devoir de citoyen (élections européennes obligent), c’est au début du concert des français de Broken Cash Machine que l’on arrivera. Pas le temps donc de passer au merch ni de prendre une bière, il était hors de question de rater le jeune quatuor francilien qui nous avait déjà fait forte impression en décembre dernier lors de leur passage au Supersonic en compagnie de The Chasing Monster. Autant être clair tout de suite, et au risque de me répéter, TBCM en a remis une bonne couche, maniant à peu près tous les styles, du math rock au post punk non sans un certain brio, un peu à l’image d’un groupe comme Steak Number 8 (on est un webzine belge, on a les références qu’on a). Toujours un peu timides et sur la réserve, on sent néanmoins qu’ils s’éclatent sur scène, et c’est sans doute ça le plus important. Pour ma part, si j’avais une petite réserve à émettre j’espère qu’ils se fixeront sur un style sans trop se disperser. Dans tous les cas, si ils continuent comme ça, on pourra compter à coup-sûr sur eux dans les années à venir.
Une première bière et un petit tour au merch plus tard, place à la première découverte de la journée, mais également première claque avec les parisiens d’Hex. Beaucoup plus orienté post metal et prog, avec ses nappes de clavier et passages parfois carrément atmosphériques, Hex sonnera dans mes oreilles comme la rencontre entre Russian Circles, Tool, Sunnata (pour les percussions par moment plus tribales) et un fan de jazz. Désolé pour les groupes qui suivront mais ce sera pour moi un des gros coups de cœur de cette 3e édition du Post in Paris et j’ai vraiment hâte d’en entendre davantage de ce groupe très très très (très ?) intéressant…
Une première claque complètement inattendue, c’est la magie des festivals. Mais pas trop le temps de s’en remettre vu que c’est un groupe dont, au contraire, j’attends beaucoup qui se prépare à prendre possession de la cale, devant un public de plus en plus nombreux. Pour reprendre la devise d’un célèbre club de foot détesté des parisiens, allons droit au but : The Weight of Us, leur album sorti quelques jours avant, porte magnifiquement bien son nom, et en live, à quelques mètres des enceintes, encore plus. Le son de Forge nous écrase de toutes ses forces et c’est d’une efficacité redoutable. Redoutable car dans toute cette débauche de puissance, on y retrouve quelques mélodies qui nous laissent un peu de répit avant une nouvelle attaque. Et si mes amis photographes en chient avec des lumières minimalistes, l’auditeur, quant à lui, ressent un certain plaisir non coupable à se faire violenter les tympans.
Malice de la programmation ou non, on se dirigera ensuite vers notre premier concert sur le pont pour y découvrir The Random Monsters, venus présenter un set totalement acoustique tout en nuance, nous faisant radicalement passer un extrême à l’autre. On se pose, on écoute, on se tait, les photographes eux-mêmes hésitent à déclencher, de peur de porter atteinte à la magie du moment proposé par le groupe et porté par la voix de Bastien. Les légers mouvements du bateau aidant probablement, on se laisse bercer pendant ces quelques minutes sublimes qui nous sont offertes et qui viendront panser nos blessures infligées par Forge quelques minutes auparavant. Je n’ai aucune idée de la musique que le groupe propose habituellement, mais on a tous les 3 profondément aimé ce qu’on vient de vivre.
Mais pas le temps de rester allongés car il faut redescendre vite, très vite (et ce sera probablement mon seul reproche) si on veut assister au début du groupe suivant : les suisses de A River Crossing venus nous proposer une demi- heure de post-rock aux accents très (trop ?) dream pop. Peu sensible à ce sous-genre, je vais logiquement avoir du mal à rentrer dedans, surtout a même si force est d’admettre que c’est fort bien exécuté et je comprends tout à fait que ça puisse beaucoup plaire aux amateurs/trices du genre. A retester en tout cas, peut-être dans un contexte plus adapté.
Retour ensuite sur le pont pour découvrir un combo assez singulier : les franco-espagnols de Bank Myna qui nous plongent dans leur univers très cinématographique et nous offre un set délicieusement atmosphérique et onirique, dans la continuité des 2 offrandes précédentes, mais avec un truc en plus. Une fois encore, le bateau bougeant un peu, on se surprend à rêvasser pendant un set sans un poil d’attaque, si ce n’est lorsque les maillets frapperont le petit marimba dont le groupe fera usage. Le voyage dans l’univers de Bank Myna s’achèvera sur des sons d’horloge cassée, faits littéralement par…une horloge cassée. Brillant.
L’horloge nous ayant rappelé à nos obligations, direction une nouvelle fois la cale pour un peu de légèreté apportée par Mutiny on The Bounty…enfin Piscine, pour se prendre une bonne dose de mathrock sans basse, avec, contrairement à leurs collègues Luxembourgeois, une grosse touche de fun. Chez Piscine, ça joue vite, très vite, sans aucun temps mort, le trio a la patate et la transmet super bien au public, énergie plus que bienvenue alors que les premiers signes de fatigue apparaissent, le tout sans se prendre au sérieux une seule seconde.
Cette énergie retrouvée, direction le pont pour Paul, qui assistera à Bravery in Battle tandis que Mel écouterons le groupe de loin. Et comme la vie à un curieux sens de l’humour, c’est pendant la bataille que nous allons perdre Paul, obligé de rentrer chez lui. Pas grand-chose à dire donc, mais les retours qu’on a pu avoir étaient excellents, assez pour nous donner envie de nous pencher sur le groupe.
C’est donc amputés d’un photographe que nous allons assister au concert d’OVTRENOIR. Si leur album Herod paru en 2016 nous avait beaucoup plu, on n’avait pas encore eu l’occasion de voir le combo sur scène et ce qu’on avait pu voir de leur perf au Roadburn nous avait sacrément mis l’eau à la bouche. Ici, plus question de légèreté, mais au contraire d’un post-metal dans la veine du diptyque Amenra/Chelsea Wolfe, avec, comme dans les 2 groupes précédents, un chanteur hypnotisant au charisme incroyable en la personne de William Lacalmontie. Totalement habité par leur art, mais jamais sans en faire des caisses, ce qui aurait tout gâché, les cinq musiciens d’OVTRENOIR vont nous embarquer dans un voyage torturé et tortueux, voyage dont on ne voudra d’ailleurs pas sortir. Difficile de raconter en quelques mots ce qu’on a vécu, on vous conseillera alors tout simplement de foncer les voir dès que vous le pouvez !
La soirée avançant et le public de plus en plus nombreux, on sera forcés de faire l’impasse sur VLMV pour pouvoir se placer et être en mesure de shooter correctement les italiens de Winter Dust venus présenter Sense of Erosion, leur dernier effort en date. Mes quelques souvenirs du groupe étant vagues, j’ai été plutôt surpris de retrouver ici un groupe orienté post-hardcore, genre qui a tendance a été plutôt clivant chez les fans de post-rock. Malheureusement pour les amateurs (et heureusement pour les autres), le set sera un peu gâché par des problèmes de son. Les cris de Marco, guitariste et hurleur du groupe, ne nous parviendront pas. Dommage parce que l’ensemble était quand même vachement bien, et j’espère qu’on aura l’occasion de les revoir rapidement et dans de meilleures conditions.
De problèmes de son, il ne sera en revanche pas question pour la tête d’affiche de cette 3e édition, et c’est tant mieux. Des premiers mètres de la fosse investis par une impressionnante délégation chinoise venue soutenir leurs compatriotes de Wang Wen, véritables légendes dans leur pays qui investissent chaque centimètre carré de la scène pour nous offrir une heure de post rock complexe aux accents progressifs et jazzy. Dans la fosse, difficile de se mouvoir tant la foule est compacte. On décide alors de poser les appareils photos, de profiter et de se concentrer sur les subtilités de la musique délivrée par le sextet originaire de Dalian.
On est émerveillés par la variété des instruments et techniques utilisés, et surtout ce son, d’une pureté absolue si bien qu’on est tenté d’enlever nos bouchons d’oreilles pour en profiter au maximum. Grandiose, et force est d’admettre qu’on se serait tout à fait contenté de finir la soirée là-dessus…mais en guise de bonus, c’est Shy, Low qui, initialement prévu plus tôt, aura pour mission de conclure la soirée. Et cette inversion va malheureusement un peu tout casser. On était tellement bien après Wang Wen qu’on aura un peu de mal à rentrer dedans. Pourtant, on ne peut objectivement pas nier qu’on a pas pris notre pied, Shy, Low reste un super groupe, hyper efficace et généreux, mais peut-être trop efficace pour une toute fin de soirée (oui, on se fait vieux). Dommage.
Et parce que je n’ai pas envie de terminer sur une note un peu négative, j’ai envie de conclure, en remerciant bien évidemment toute la team du Post in Paris pour ce partenariat fait avec New Musical Horizons et la confiance que vous nous avez accordé. J’ai aussi envie de vous remercier pour cette superbe affiche, pleine d’excellentes découvertes, apportant la preuve qu’on a une scène post-rock française pleine de groupes hyper prometteurs. J’ajouterai également le choix du Petit Bain, et j’espère que la prochaine édition s’y déroulera aussi. Enfin, encore quelques derniers remerciements pour vos bénévoles qui se sont occupés de la bouffe et bien que très sollicités, ils se sont montrés adorables. Vivement l’année prochaine, vous pouvez dès à présent compter sur nous !
- Mats
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