# ☮ – PENGUIN CAFE ORCHESTRA = HUMAN JOY TRANSPOSED INTO NOTES ~ Petite rétrospective acidulée sur Penguin Cafe (De la joie humaine transposée en notes)
Sur l’enseigne du lieu-dit le Café du Pingouin luit cet écriteau-matrice :
‘I am the proprietor of the Penguin Cafe, I will tell you things at random‘
Propos du Pingouin apparu à Simon Jeffes suite à une mémorable indigestion créativement féconde, en 1972 ~
Cher(s) toi(s), Cher Vou
(Mafwa,) Penguin Cafe Orchestra est un des collectifs les plus fascinants, éclectiques et limpides qui soient.
Leur(s) style(s) ? Une palette définitivement inclassable !
Ce sont des peintres impressionnistes de paysages et de sons, des enfants candides de compositeurs romantiques, des scaldes inspirés par une myriade d’influences hétéroclites – le tout dans une incomparable tonalité extatique, ludique ou douce-amère, jouant au funambule toujours sur la crête entre le faussement sérieux et l’illusoirement naïf.
À quelques pas du changement de solstice et avant le basculement irrémédiable vers d’autres repères chronos, considérez ceci comme mon cadeau invoquant une reverdie.
Le meilleur conseil d’initiation à PCO que je puis vous donner est encore d’en programmer une playliste aléatoire pour créer ce délicieux effet mosaïque, cette impression de dévorer aléatoirement toute une boîte de bonbons acidulés de l’espace azuré, en ne sachant jamais sur lequel on va tomber
…
Tour à tour méditative ou propice à un émerveillement sans bornes en mode carrément « naïf assumé » (c’est le contraire du mode « naïf satanique assumé », quand on écoute les paroles diabolico-bêta des premiers Black Sabbath par exemple, même si la musique vaut son pesant de gravats chus d’un clocher post-goth, but I digress), la musique de ce collectif atypique oscille entre celle que pondrait un orchestre de chambre éclectique et un groupe illuminé de folk imaginaire, avec quelques tentations point très académiques vers le versant fun de l’avant-garde.
C’est un peu comme si Simon Jeffes vous invitait à une séance de métissage musical en direct, aux commandes de son laboratoire sonore en mutation constante. Cette tendance au renouvellement est d’ailleurs telle chez Penguin Cafe que le quatuor de base laissera rapidement place à un véritable manège de guests et de collaborateurs, pour assurer la diversité instrumentale de ce cabinet de curiosités aurales. Ainsi, apprêtez-toi à croiser plus souvent qu’à tes habitudes du ukulélé, du cuatro, du piano et de l’harmonium, ainsi quelques incursions plus osées de cheng, d’épinette et de pots de yaourt.
Ces douces excentricités contribuent à placer PCO dans un registre vaguement inusité, celui occupé par cet étrange animal exotique aux contours polyformes et protéimorphes. Un être définitivement médian qui, en plus de changer de line up au gré des caprices panculturels de Simon Jeffes, aime à déployer ses muses là où ça l’amuse, et surtout vers les horizons les plus lointains et improbables : rythmes afro-américains, riffs de basse reggae-dub, romantisme classieux et intimiste à fleur d’âme, boîtes à musique jouettes, repaires traditionnels africains, plages ambient acoustiques aux reflets moirés et à la répétition envoûtante voire enveloppante, annonciatrice du post-rock.
Si ce descriptif ne t’a pas déplu, je vous invite à suivre les pérégrinations de l’orchestre le plus improbable de la face connue de notre chapelet stellaire, avec une marche sextuple habilement commentée par le type qui noircit ces lignes pour éclaircir et purifier votre moi intérieur (espérons).
I. Zopf : From The Colonies & Hugebaby (Music From The Penguin Cafe, 1974-1976)
Interprétés par le quatuor de base susdit : Helen Liebmann au violoncelle, Gavyn Wright – plus tard aperçu chez Talk Talk à côté de Mark Hollis notre pote à tous, à l’occasion des enivrements les plus épurés de Laughing Stock – au violon et violon alto, Steve Nye au piano électrique type Fender Rhodes, et Simon Jeffes lui-même à la guitare électrique la moins distordue de l’histoire de la musique enregistrée.
II. Paul’s Dance (The Penguin Cafe Orchestra, 1978)
R’trouvons Sir Jeffes à la recherche d’un antidote salutaire contre les années 80, flanqué à sa droite de son compère de choix Geoffrey Richardson, gentleman multi-tâche sévissant aussi auprès des légendes canterburiennes de Caravan.
III. Heartwind (Broadcasting From Home, 1984)
Un hymne à ce sentiment en décalage complet avec notre zeitgeist, la joie au premier degré (ça te rappelle quelque chose, franchement ?), avec un instrument japonais au quota de nerderie technologique assez prometteur, l’omnichord.
IV. Southern Jukebox Music & Wildlife (Sings Of Life, 1987)
Shhhhh…. deux ultimes esc(h)al(t)es dans des rivières de recueillement – qu’on avait pas vues aussi trémulantes et insondables depuis Eno, au moins.
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A Pretty – rather Pythagorean or Phoenician ? – Penguin Postlude :
I think Simon Jeffes is a forgotten genius of our times, no less.
His ability to convey emotions and paint sounds is simply marvellous, his range of styles and influences impressive, and most of the PCO stuff finds a direct way to my heart and brain.
- Tom