J’avais déjà adoré Pieces of You, l’album précédent d’heklAa, que le pianiste français avait dédié à son épouse. Un album plein d’émotions exprimées avec beaucoup de talent, je vous invite d’ailleurs à découvrir notre chronique en cliquant ICI. Sébastien Touraton, le génie derrière heklAa, a mis pas mal de temps avant d’accoucher de son nouveau bébé, 1491, et on comprend la difficulté du travail tant l’album est recherché. Découvrons donc ensemble, morceau par morceau, 1491 qui marque le retour du pianiste tout en maturité.
Alors, tout d’abord, j’aimerais exprimer mon sentiment brut : WOW ! Quel bon en avant par rapport aux albums précédents qui valaient déjà bien la peine d’être écoutés. Le toucher au piano, la production, la recherche, la maturité… Absolument tout a évolué chez heklAa. Le côté sensible s’est affiné, l’artiste n’hésite d’ailleurs pas à faire durer les passages plus ambient et emploie moins de fioritures pour des compositions plus sobres aux ambiances plus travaillées.
« 1491 », le premier morceau, est déjà là pour en témoigner. L’introduction au disque est réussie, la voix de Cary T. Brown (Ill River) et la guitare reconnaissable entre mille de Kit Day (This Patch of Sky) viennent illuminer progressivement l’ambiance semi-angoissante des deux premières minutes. La mélodie au piano entre en scène au moment opportun, la sonorité de l’instrument est plus profonde que sur les précédents opus, cela donne un ton chaleureux et mélancolique jusqu’à la fin du morceau (de l’album!). On est parti pour un voyage musical qui s’annonce d’ores et déjà poétique.
Cette humeur mélancolique sensible est de nouveau présente sur « Geimur » où Sébastien nous délivre (à mon humble avis) une de ses plus belles mélodies, aussi simple soit-elle. Les silences sont remarquablement bien placés et chaque note est jouée au moment propice. Frissons. « Geimur » est un morceau très intimiste, qui grandit au fil des écoutes.
Retour à une ambiance similaire au premier morceau avec un côté ambient plus présent sur « The Sky Below » qui m’évoque des paysages montagneux désertiques. Sébastien ajoute quelques notes au piano pour donner à cette composition une sensibilité immense, presque fragile. Encore un morceau qui se dévoile écoute après écoute.
Arrive enfin « The Road Has Been Leading to You, Always » qui sonne presque comme un au revoir dès les premières secondes, les accords choisis renforcent en effet la mélancolie du moment. Un morceau brillamment écrit qui prouve de nouveau qu’il s’agit de l’album le plus abouti d’heklAa. Les compositions reflètent une douceur, une maturité et une sensibilité accrue par rapport aux disques précédents. Jamais un disque aussi court n’aura provoqué en moi autant de frissons.
Laissez à 1491 le temps de se développer en vous, c’est ce qu’on appelle en anglais un « grower » et plus vous l’écouterez, plus vous l’aimerez. Prêtez donc une attention à ce disque aussi délicate que le toucher de Sébastien sur son piano.
- Guillaume