Comment dire et par quoi commencer ?
Surtout que ça débutait plutôt bien avec cette vidéo de quelques secondes tournée par un petit garçon avec son téléphone.
Il en va de même avec le générique aux allures de Watchmen qui rappelle que Zack Snyder fut bien un temps aux commandes du projet avant son départ officiellement justifié par le drame ayant touché sa famille.
On va faire simple et ne pas y aller par quatre chemins : Justice League est décevant et voici pourquoi en quelques phrases-clés qui me sont venues en tête à la sortie de la salle.
Une ligue qui ne rend pas justice à ses personnages, réduits au strict minimum
Un comble. Aucun personne n’est vraiment attachant (sauf Diana Prince). Tout est forcé ou grossi. La subtilité n’existe pas. Et c’est comme si ce qui avait été présenté auparavant n’était pas pris en considération (sauf les décors et costumes qui ont toujours été réussis).
Toutes les scènes (se voulant) drôles, marquantes ou impressionnantes sont dans les bandes-annonces à l’exception de celles relatives à Superman (qui doit occuper 12 % du temps d’écran).
D’ailleurs, quand on repense aux différents trailers, on devine que la Warner a tranché dans le vif en demandant (imposant ?) un montage rapide et rythmé (2h00 max).
Inadmissible avec autant de personnages. Donc inévitable de passer complètement à côté de l’essentiel dans ces conditions…
Warner n’a pas compris la leçon une fois de plus. Et surtout de trop.
Après un Batman v. Superman charcuté n’importe comment pour sa sortie en salles (tournez-vous impérativement vers la version longue) et un Suicide Squad marvelisé honteusement pendant la post-production, seul le film Wonder Woman avait sorti son épingle du jeu pour son classicisme et sa fraîcheur.
Et pour cause, Wonder Woman est le seul des trois à ne pas avoir été violé par les producteurs, ou du moins pas trop violemment.
Conséquence directe sur Justice League : Gal Gadot a plus de temps d’écran que prévu, et ça se sent (la caméra s’attarde un peu trop sur son dos, si vous voyez ce que je veux dire).
Il faut dire que ça se justifie aussi parce qu’elle demeure sans conteste le personnage le plus attachant et le plus réussi du métrage car le seul à être resté comme voulu à l’origine du projet. C’est pas le cas de Superman et de Batman.
D’où l’importance d’être constant.
Désolé, les gars.
Deux pas en avant, trois en arrière.
Cela valait-il le coup de nous présenter un Superman plus nuancé en 2013 et un Batman plus sombre en 2016 pour finalement revenir aux personnages écrits respectivement en 1978 et 1989, thèmes musicaux à l’appui ?
La réponse est dans la question.
Même Joss Whedon, tout talentueux qu’il soit, n’a pas réussi à rattraper quelque chose. C’est dire. Il présente un produit calibré correct mais dénué de toute personnalité artistique et, surtout, techniquement et scénaristiquement à la ramasse.
L’histoire est basique au possible. Le méchant n’a aucun charisme et disparaît comme une merde aussi vite qu’il est arrivé. Tout ça pour nous dire que l’union fait la force. Oui, bon, on le sait et c’était inévitable avec le speech de départ, mais y avait pas moyen d’être plus subtil ou original sur la forme ? Avengers l’était, lui… Et pourtant, j’aime pas comparer.
La technique non plus ne suit pas (fonds verts grossiers, incrustations voyantes, mannequins numériques moches). N’a pas l’œil de Zack Snyder qui veut. Joss Whedon est un bon réalisateur (Avengers 1 et 2, c’est lui) mais il n’a eu manifestement aucune marge de manœuvre.
A côté, Batman v. Superman est un chef-d’œuvre et passe pour un film d’auteur.
Je ne dis pas ça parce que j’ai défendu Batman v. Superman dès le visionnage de la version longue (la version ciné m’avait excédé).
Mais parce que je pense sincèrement que Snyder avait une vision d’auteur dès son arrivée sur Man Of Steel.
Une vision loin d’être parfaite mais cohérente et sincère qui se prolongeait dans Batman v. Superman. Avec Justice League, c’est pas parfait, c’est pas cohérent, c’est pas honnête et c’est opportuniste à souhait.
C’est pas nul, hein. Mais, sans déconner, Warner, vous l’avez cherché. Vous avez merdé. Vous vous êtes contentés de limiter la casse le temps de vous retourner, mais les vrais savent et ne sont pas dupes.
En gros, Justice League, c’est l’élève avec du potentiel mais qui en glande pas une, qui a pompé sur tous ses camarades et a voulu retranscrire le meilleur de chacun d’eux sans se fouler. Il s’est fait surprendre en flagrant délit, on l’a laissé faire et il n’a pas été foutu de rendre une copie méritant la moyenne. Et il vient quand même prétendre à une bonne note en faisant les yeux doux en amande comme ceux de Gal Gadot.
Culotté. Et raté.
Justice League est en retard sur tous les plans (écriture, musique, et même effets spéciaux). Mais le pire, c’est qu’il y a de fortes chances que ce produit aseptisé, désincarné, linéaire au possible, d’une platitude sans nom, mais relativement divertissant, relance l’intérêt pour l’Univers DC. Si c’est pas malheureux d’en arriver là…
- Vincent
PS : les scènes post-génériques ne m’ont pas donné envie de voir la suite. En la matière, Marvel règne définitivement en Maître.