1933, 1976, 2005 et 2017.
Ces quatre dates ont pour point commun d’avoir vu sortir dans les salles obscures une nouvelle version de « King Kong », ce gorille géant solitaire évoluant dans une île peuplée de créatures préhistoriques, et qui tombe amoureux de la première poupée Barbie venue lui rendre visite.
Chaque film a apporté son lot de nouveautés liées au contexte de son époque : images composites, costume, années hippies, animation image par image, motion-capture, CGI …
Kong : Skull Island (« KSI ») présente une mouture 2017 assez inédite sur le papier. Outre son titre qui fait de l’Île du Crâne un protagoniste à part entière, il nous dispense de la love story avec la blonde de service (vue, revue et re-revue) pour mettre l’accent sur la mode du moment : la création des univers étendus.
KSI se présente donc comme le deuxième épisode d’une saga consacrée aux monstres géants, après le Godzilla de 2014.
Ceci peut donc expliquer, du moins en partie, la raison pour laquelle KSI ne décolle jamais complètement. Il n’est finalement conçu que comme une introduction, une présentation, certes sympathique, de Kong. Mais dénuée d’âme.
En cela, le spectacle est assuré avec une mise en scène tout bonnement impressionnante. Le gorille est iconisé juste ce qu’il faut. Le cahier des charges est respecté, et il n’y a aucun souci à se faire sur ce point.
Cependant, la mayonnaise ne prend pas. Il y a toutes les bonnes intentions du monde mais le qualificatif d’introduction ne parvient pas à excuser totalement le fait que… ce blockbuster n’est qu’un melting-pot de tout ce qui se fait dans le genre (expédition perdue sur une île, confrontation avec différentes créatures, rencontre avec les indigènes…) et sans saveur ou originalité particulière.
Le casting est bon mais sous-exploité. Les personnages ne semblent pas plus marqués par les évènements à la fin de l’aventure qu’au début, comme s’il était tout à fait normal d’affronter des monstres géants sur une île non référencée ! Et ne parlons pas du fait que les morts sont complètement désamorcées par le fait qu’on ne connaît jamais assez les malheureux défunts pour les plaindre (sur cet aspect, la version 2005 de Peter Jackson était dix fois plus convaincante) …
Les références et hommages sont légion (cf. « Apocalypse Now ») mais, de la même manière que des personnages stéréotypés au possible, on n’accroche pas suffisamment pour avoir envie de dire « chouette ! ». Cela n’empêchera pas néanmoins quelques séquences de faire sourire, et le personnage hyper cliché de Samuel L. Jackson y sera grandement pour quelque chose.
Au final, il y a même quelque chose d’assez dépaysant dans ce film d’aventure à l’ancienne. Il faut bien le lui concéder.
Hélas, le produit, aussi bien emballé soit-il, et avec tous les soins requis, manque de cœur et de passion. Il ne parvient pas à faire oublier qu’il n’est qu’un épisode de série qui pose les jalons d’un univers mais qu’il est impropre à emporter l’adhésion totale à lui seul. La faute à la mode du moment ?