En août 2016 sortait le film « Suicide Squad », premier long-métrage sorti dans les salles mettant surtout en scène la cultissime Harley Quinn, petite amie officielle du Joker, sous les traits de la craquante Margot Robbie.
Créé en 1992 par Bruce Timm dans le cadre de la série animée (Batman : The Animated Series, ou « Batman TAS » pour les intimes), le personnage de cette psychiatre de l’Asile d’Arkham tombée (littéralement) follement amoureuse de la némésis de Batman n’a eu de cesse de voir sa popularité grandir, jusqu’à l’inclure dans la quasi-totalité des intrigues liées à l’univers de l’homme chauve-souris (jeux vidéos et séries TV compris).
Jugeant probablement que « Suicide Squad » ne rendait pas suffisamment hommage à sa création (alors qu’elle en est l’attraction principale), Bruce Timm a décidé de reprendre la main en écrivant un arc narratif entier qui serait développé par la branche animation direct-to-DVD de la Warner.
On doit d’ailleurs à celle-ci de fidèles adaptations (transpositions ?) de certains comics incontournables tels que The Killing Joke ou The Dark Knight Returns, avec plus ou moins de succès, ainsi que certaines histoires originales (le très réussi « Batman et le Fantôme Masqué »).
Bref, l’annonce d’un métrage consacré, de par son titre, à la collaboration forcée entre Batman et Harley Quinn pour neutraliser Poison Ivy avait de quoi susciter l’intérêt. D’autant plus quand Batman s’adjoint les services de Nightwing (un des personnages les plus classes de l’Univers) et que le style visuel et narratif est directement emprunté à ce qui a fait le succès de « Batman TAS ».
Qu’on ne s’y méprenne toutefois pas : la star du film, c’est Harley. Point barre chocolatée. Et Harley seule (le Joker n’est jamais aperçu, chose rare).
Même la version française (très bonne, comme souvent dans ce genre de production) met un point d’honneur à faire appel à Kelvine Dumour, première interprète vocale hexagonale de la super vilaine.
Le générique de début en petite séquence d’animation stylisée accompagnée d’une musique jazzy annonce d’emblée la couleur : l’aventure sera marquée par la folie, l’humour et la bonne humeur. En effet, la personnalité légère et enthousiaste de Harley tranche radicalement avec celle traditionnellement plus sombre et retenue de Batman, ce qui réserve quelques scènes savoureuses.
On sent indubitablement la patte de Bruce Timm à l’écriture et à la direction générale du projet. Les clins d’œil sont nombreux, et les fans hardcores jubileront dans la séquence du bar dansant où se retrouvent de nombreux sbires méconnus de super vilains qu’eux seuls arriveront à restituer (par exemple, les deux jumeaux roux à la solde de Double-Face dans son épisode introductif Double Jeu).
La surprise sera également de mise avec un degré particulier dans l’humour, qui n’hésite pas à verser dans la sexualisation et la scatophilie (!). Cela en est d’autant plus drôle et efficace que complètement inattendu. Osé. Nightwing développe une érection face à une Harley en petite tenue particulièrement entreprenante, elle qui n’hésitera pas, quelques heures plus tard, à « embaumer » la Batmobile… Certes, ça ne vole pas haut, mais qu’importe : l’objectif fixé est atteint.
Car cet objectif n’est, avouons-le, pas des masses ambitieux : divertir et détendre un spectateur familiarisé au Bat-Univers, entre deux arcs narratifs plus sombres (dont le pesant The Killing Joke, excusez du peu).
En cela, le spectateur doit être averti : Batman & Harley Quinn ne trouvera grâce qu’auprès d’un public amoureux du personnage d’Harley. Pas bien difficile, me direz-vous tant il est attachant. Mais cela devait être dit.
La dernière production made in Bruce Timm a ainsi peu de cartes dans son jeu à l’exception de celles qui viennent d’être citées.
L’histoire principale est basique au possible, pour ne pas dire faiblarde. Elle n’aurait d’ailleurs pas dépareillé pour les besoins d’un épisode de vingt minutes issu de la série Batman TAS. Peut-être était-ce l’objectif affiché, remarque ?.
Idem pour la résolution finale inoffensive tirant, certes, profit de la relation instaurée et fantasmée entre Harley et Poison Ivy, mais qui appellera une certaine indulgence.
Pendant qu’on y est, si on veut vraiment aller plus loin et chipoter jusqu’au bout, il est possible de déplorer que le petit thème musical créé pour Harley dans Batman TAS n’ait été repris à aucun moment alors même que les compositeurs ont officié pour ladite série sous la tutelle de la regrettée Shirley Walker. Un comble !
Il serait néanmoins dommage de bouder son plaisir. Si l’on est un vrai fan de l’Univers et du personnage de Harley, le moment passé est fort agréable. Vraiment. Mais oubliable.