Synonyme de qualité et de liberté, la plateforme Netflix avait suscité un certain buzz en annonçant une adaptation du manga culte « Death Note ».
L’histoire raconte celle d’un lycéen surdoué bien sous tout rapport qui découvre un étrange cahier permettant de tuer les gens dont les noms sont écrits à l’intérieur…
L’idée de base paraît absurde et pourtant, elle a donné lieu à une histoire palpitante et intelligente, riche en rebondissements et en personnages mémorables.
Le matériau de base est si dense qu’il était étonnant de ne pas voir Hollywood s’en emparer tout de suite, bien que le projet était dans les tiroirs depuis quelques années.
Annoncé pour une sortie sur Netflix fin août 2017, le long-métrage américain s’est attiré la haine des fans dès le choix du casting et la diffusion des premières bandes-annonces. Même si les auteurs du manga d’origine ont concédé avoir apprécié le résultat final, les critiques se sont pour le moment révélées assez négatives.
Alors qu’en est-il réellement ?
Il faut répondre à cette question en en posant au préalable deux autres : Death Note made in 2017 est-il un bon film, et est-il une bonne adaptation ? Sachant que l’un n’entraîne pas nécessairement l’autre.
Ce qui est malheureusement évident, c’est que non, il ne s’agit pas d’une bonne adaptation. Les libertés qui ont été prises avec le manga sont extraordinairement nombreuses. C’est bien simple : seul le concept de base a été repris, ainsi que le nom de quelques personnages (et encore…) mais le reste est en totale roue libre.
Ce n’est pas forcément un mal et, au contraire, certains choix se révèlent intéressants.
Là où le bât blesse, hélas, c’est que l’on se demande si les scénaristes ont véritablement lu le manga ou s’ils sont allés au-delà du troisième tome sur les douze qui composent cette passionnante enquête.
C’est simple : certaines libertés sont grotesques et inutiles (exemple : exit la crise cardiaque si on n’écrit pas les circonstances du décès), et aucun personnage n’est comme il devrait être. Pas même Ryuk, le sympathique Dieu de la Mort qui perd justement ici tout son côté attachant. Light est fils unique, sensible et a perdu sa mère. Misa (renommée Mia pour l’occasion) est une pom pom girl manipulatrice quasi-égale à Light en terme d’intelligence et de stratégie. L est instable et irréfléchi. Watari ne sert à rien… et la liste n’est pas exhaustive.
Absolument tout est survolé ou modifié, et l’histoire se permet même des incohérences impardonnables (depuis quand Watari s’appelle Watari ???). On a envie d’y croire pendant la première demi-heure car cela ne s’annonçait pas si mal quand même, mais on lâche l’affaire assez vite car le scénario se prend les pieds dans le tapis.
Peu sont les choix véritablement assumés de cette adaptation vraiment très (trop ?) libre qui ne sait pas où donner de la tête alors qu’elle semble consciente de ses qualités et de son potentiel. Le casting n’est pas mauvais, la mise en scène est sympathique, et même les scènes de mise à mort ont de la gueule en évoquant par moment la saga « Destination Finale ».
Mais comme on ne va pas au-delà, ce n’est que poudre aux yeux. Fondamentalement, on ne passe pas un mauvais moment. Mais ce moment laisse l’impression suivante : que cette version ultra light de « Death Note » s’adresse à un public de type emo-adolescent qui ne connaît pas encore le manga. On espère au moins que ça lui donnera envie d’aller le lire ou de visionner l’anime japonais qui l’a brillamment transposé case par case en 2006, pour prendre la mesure d’un gâchis qui aurait pourtant pu être facilement évité.