Voici l’interview de Sébastien Touraton alias heklAa avant la sortie de son dernier album : « Pieces from You Volume 1 »
New Musical Horizons : Tout d’abord merci pour l’interview ! Pouvez-vous me décrire la naissance du projet HeklAa ?
Sébastien Touraton : heklAa est né suite à mes deux voyages en Islande, dont je suis éperdument amoureux, principalement le 2e en avril 2010, lorsque je suis resté coincé avec femme et enfant sur l’île, lors de l’éruption du volcan Eyjafjallajokull.
Le séjour a été l’impulsion du projet, j’ai d’abord travaillé des compos avec mon meilleur ami Stéphane (guitare et basse), un batteur nous a rejoints, nous avons même donné un concert, mais avons dû renoncer au trio pour des raisons d’éloignement géographique et d’incompatibilité d’emplois du temps. Stéphane n’a jamais cessé de suivre le projet, de donner son avis, toujours très juste et souvent décisif. J’ai ensuite décidé de me donner les moyens de mener tout cela en solo en investissant dans du matériel informatique notamment.
NMH : Pourquoi le nom « heklAa » ? Pourquoi ce A majuscule: simple effet stylistique ou véritable signification ?
S.T. : heklAa est le nom d’un volcan islandais, le fait que j’ai opté pour ce nom n’est en rien une surprise lorsque l’on repense à mes voyages en Islande… ! Au départ, le nom devait être simplement celui du volcan, mais une artiste islandaise avait été plus rapide ! Mais je tenais vraiment à ce pseudo, j’ai donc choisi d’ajouter un A majuscule et de laisser les autres lettres en minuscules. Pourquoi une majuscule ? Simplement parce que la lettre symbolise ainsi un volcan. L’Islande est un pays tout en contrastes forts, feu-glace,verdure-désert, calme-tempête, etc.; certains m’ont dit que ma musique était elle-même très contrastée, nommer le projet du nom d’un volcan islandais paraissait alors chose évidente.
NMH : Comment vous inspirez-vous ? Un de vos albums est clairement un hommage à Dark City, êtes-vous cinéphile ?
S.T. : Les inspirations sont multiples, musicales bien entendu : en tant qu’amoureux de l’Islande, je ne peux pas passer à côté de Sigur Ros qui est pour moi le plus grand groupe du monde. Je suis un grand fan de ceux qui ont défini ce qu’est le post-rock : Godspeed You! Black Emperor, Silver Mount Zion, Mogwai, je suis aussi un grand amateur de jazz, bien que le mot ne veuille pas dire grand-chose tant le genre couvre des sous-catégories très hétérogènes. Mes références sont Miles Davis, Keith Jarrett, E.S.T, John Coltrane, etc.
La musique de film tient une place toute particulière dans ma vie artistique, j’ai d’ailleurs longtemps rêvé d’être compositeur pour le cinéma, avec des modèles comme John Williams, Howard Shore ou encore Danny Elfman.
Chacun de mes albums a un sujet qui lui est propre, donner du sens à ce que je fais est une priorité, qui va au-delà de la nature spontanée de la création artistique. Ainsi, l’EP ‘Songs in F’ évoque mes voyages en Islande, ‘My name is John Murdoch’ est la B.O. officielle de ma vision du film culte ‘Dark City’, dont l’une des thématiques, la perte de l’enfance, me touche particulièrement. Quant à ‘Pieces of You – The Piano Works’, qui sort le 20 mars, il est dédié à mon épouse.
NMH : Quel(s) serai(en)t votre album (ou vos albums)immanquable(s) en post-rock (ou genres liés éventuellement) ?
S.T. : Si je devais faire un top 5 de mes albums, il pourrait ressembler à ça, pas tous les jours dans le même ordre, excepté pourra 1re place, indétrônable !
1 – Miles Davis – ‘Ascenseur pour l’échafaud’
2 – Sigur Ros – ‘Agaetis Byrjun’
3 – Godspeed You! Black Emperor – ‘Lift your Skinny fists like Antennas to Heaven’
4 – John Williams – ‘The Empire Strikes Back’
5 – Howard Shore – ‘The Return of the Ring’
NMH : Le 20 mars prochain, vous réaliserez votre première sortie physique sur CD. Pourquoi sur CD et pas aussi sur vinyle ? Comptez-vous rééditer vos précédents opus sur CD ?
S.T. : Sortir un vinyle présente -pour le moment en tout cas- trop de contraintes techniques et financières. Il est par exemple indispensable d’avoir un master dédié, ce qui engendre des coûts supplémentaires loin d’être négligeables. L’idéal serait de trouver un partenaire qui fabrique exclusivement des vinyles et/ou qui pourrait encaisser les coûts en question.
J’ai la chance d’avoir avec 1978 Records, un label qui m’a permis de faire une sortie CD. Il y a, il est vrai, dans le monde du post-rock une demande assez forte d’éditions vinyles, dans un second temps peut-être… J’ai dans l’idée de ressortir une version plus compacte de ‘Songs in F’, peut-être début 2016. Une amie artiste, Aurélie Aubert, travaille actuellement sur les visuels, au passage absolument splendides !
NMH : Quels sont vos projets en matière de concerts ? Comptez-vous faire aussi une tournée des salles en Belgique et en France ?
S.T. : Plusieurs dates sont dans les tuyaux, le 18 juillet à Colmar, nous travaillons aussi à un concert aux côtés d’un groupe post-rock allemand montant pour juin à Strasbourg (si cela se fait, ce sera une grosse surprise pour moi, mais je ne peux pas en dire plus !). Le morceau ‘I am a piece of you’ sera utilisé pour un court-métrage, heklAa ne devrait pas rester très longtemps un projet solo… Beaucoup de projets dont j’aurai le loisir de parler dans quelques temps !
NMH : Enfin, pour terminer, avez-vous un coup de cœur en concert ?
S.T. : Le plus grand concert auquel j’ai pu assister a été Sigur Ros en 2014 à Bâle, je n’avais jamais vu une foule entrer en transe de la sorte. Inoubliable !
Un grand merci d’avoir répondu à toutes mes questions, la rédaction de NMH attend avec impatience de recevoir votre CD!